Bien que dans son discours Macron ait exprimé sa solidarité avec des Arméniens et les phrases sur le soutien aux Arméniens, les propos du président français sur la question du Karabagh et l'importance de l'agenda actuel sur les relations arméno-azerbaïdjanaises est presque égal à ce qui a été dit par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à Erevan. Comme Lavrov, Macron a souligné à la fois la question des «détenus militaires arméniens» et l'importance du « déminage des terres ».
La principale différence conceptuelle entre le discours de Macron et celui de Lavrov était que le premier soutenait le dialogue entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie par la médiation de son pays, et le second le dialogue direct sans médiateurs. Cela signifie qu'il est possible de réaliser la formule de la libération des saboteurs en échange des cartes des mines. Cependant, la tâche principale de la France est de parvenir à un dialogue direct entre l'Azerbaïdjan et la France, pas la solution du problème, afin qu'ils réduisent le rôle de la Russie et son influence dans la région. La position équilibrée de Macron qui correspond aux intérêts de la Russie et de l'Azerbaïdjan est liée à la tentative de Paris d'obtenir le mandat d'intervenir dans les processus du Caucase du Sud en tant que coprésident du groupe de Minsk de l'OSCE.
Ces mesures correspondent aux intérêts de l'administration du président américain Joe Biden, qui a reconnu le soi-disant « génocide » arménien. Ce n'est un secret pour personne que les États-Unis interviendront d'une manière ou d'une autre dans la région et que la Russie aura un certain «affaires» dans cette question. Il y a une lutte entre la Turquie et la France pour le prestige régional. Comme ce combat se déroulait en Libye, il se poursuit maintenant en Ukraine et dans le Caucase du Sud. Pashinyan s'est rendu à Paris compte tenu de ces réalités, et son premier objectif est de gagner le soutien politique de l'Occident avant les élections. Bien sûr, en échange d'un soutien politique, Pashinyan doit créer les conditions d'une intervention occidentale dans la région.
La proposition de déployer des observateurs américains et français en tant que coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, avec la Russie, pour résoudre le conflit frontalier est en fait un appel à l'aide inutile d'Erevan de l'Occident pour intervenir dans la région. La déclaration bizarre de Macron selon laquelle « l’armée azerbaïdjanaise doit se retirer » est une tentative de créer une opinion dans la communauté mondiale qu'il y a un conflit dans la région, afin que le groupe de Minsk de l'OSCE puisse intervenir dans la région pour le résoudre à un stade ultérieur.
Bien que les sabotages frontaliers aient été organisés par des partisans du pro-russe Kotcharian pour démontrer la faiblesse du gouvernement actuel face à l'AzerGbaïdjan, la réponse de Pashinyan par l'invitation des États-Unis et de la France dans la région a contrecarré les plans pro-russes. Les frontières de l'Arménie sont contrôlées par la Russie et l'intervention des membres de l'OTAN dans cette zone n'est pas du goût de Moscou. Cela peut être dû au fait qu'après la déclaration bien connue de Pashinyan, le sabotage dans la zone frontalière s'est quelque peu ralenti.
L'un des principaux objectifs de la visite pré-électorale de Pashinyan à Paris est d'obtenir non seulement un soutien politique occidental, mais aussi un soutien militaire. On ne sait pas si la Russie se réconciliera avec les résultats des élections. C'est le point principal qui inquiète Pashinyan. La Russie, qui a une base militaire en Arménie, pourrait à tout moment organiser un coup d'État militaire dans le pays ou prendre une mesure imprévisible pour changer le gouvernement à sa guise. Afin de s'assurer contre ces démarches, Pashinyan s'est précipité à la réception de Macron afin de recevoir un soutien militaire. La déclaration de Macron selon laquelle une résolution de l'ONU était nécessaire pour le soutien militaire était un refus diplomatique de Paris. Cependant, il ne fait aucun doute que Paris discutera de la question avec Washington, et on peut s'attendre à ce que le président américain soutienne la position d'Erevan lors du sommet Biden-Poutine le 16 juin.
La visite de Pashinyan à Paris est également importante en termes de campagne préélectorale. Le Premier ministre par intérim essaie de créer l'impression que les dirigeants mondiaux le reconnaissent et l'acceptent déjà comme le dirigeant de l'Arménie, ce qui affectera le choix du citoyen. En même temps, avec cette visite, Pashinyan promet à l'Arménien statistique moyen, rôti d'espoirs d'intégration européenne, les espoirs que le pro-russe Kotcharian ne pouvait promettre.
Tofig Vahid