Un virus qui circule plus vite que les vaccins, des promesses du G7 insuffisantes, un soutien financier international qui laisse à désirer… l’OMS a appelé lundi à une grande solidarité pour éradiquer la pandémie.
Lors de leur sommet ce week-end en Angleterre, les dirigeants du G7 ont annoncé le don de 1 milliard de doses -de fait 870 millions de doses auxquelles viennent s’ajouter les engagements pris depuis février- soit en nature soit sous forme d’aide financière au système international de distribution Covax.
"Il nous en faut plus, et plus vite. Plus de 10.000 personnes meurent chaque jour. […] Ces communautés ont besoin de vaccins, et elles en ont besoin maintenant, pas l’année prochaine !" a martelé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.
"En ce moment, le virus se déplace plus rapidement que la distribution mondiale de vaccins", a-t-il déploré.
Si une partie de la population des pays riches reprend une vie normale grâce à la vaccination, les progrès sont encore fragiles dans les pays moins favorisés, largement privés de sérums.
Covax a livré au 14 juin plus de 85 millions de doses dans 131 pays et territoires, bien moins que prévu.
Les ONG et les partenaires de l’OMS sont également inquiets.
"Nous avons besoin de plus de clarté sur le nombre réel de doses données et sur le temps exact qu’il faudra pour que leurs promesses se concrétisent", a indiqué à l’AFP Yuanqiong Hu de MSF.
L’OMS souhaite qu’au moins 70% de la population mondiale soit vaccinée d’ici à la prochaine réunion du G7 en Allemagne l’année prochaine. "Pour y parvenir, nous avons besoin de onze milliards de doses", a soutenu le Dr Tedros.
Selon Helen Clark, qui copréside un groupe d’experts chargé d’évaluer la gestion mondiale de la pandémie, les pays à haut revenu ont mis de côté 4,3 milliards de doses.
Même en comptant deux doses par personne, "il reste deux milliards de doses à redistribuer", a expliqué l’ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande, juste avant le sommet du G7.
Le partage des doses n’est toutefois que l’un des axes du plan de bataille sanitaire du G7.
Le document final du Sommet comprend une série d’engagements pour empêcher une nouvelle pandémie. Il s’agira de réduire le délai pour développer des vaccins, des traitements et des diagnostics, avec l’espoir que le monde soit prêt en moins de cent jours pour faire face à une maladie soudaine.
L’autre volet portera sur un renforcement de la surveillance sanitaire et la mise en place d’une réforme de l’OMS afin qu’elle soit plus puissante.
Un objectif ardu sans la Chine, qui apprécie peu le G7 qu’elle a qualifié de "clique" formée par Washington. D’autant que les décisions à l’OMS ont pour habitude d’être prises par consensus.
Ilona Kickbusch, fondatrice du Global Health Centre de l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, se montre aussi sceptique face à la volonté affichée du G7 de renforcer l’agence onusienne : "Je croirai (ce) point lorsque les contributions à l’OMS seront augmentées".
Pour Oxfam, il faut avant tout régler la question de la suspension des brevets sur les vaccins, afin d’accélérer leur production.
Un constat que partage Human Rights Watch (HRW), alors que les négociations sur le sujet viennent tout juste d’être lancées à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après des mois de discussions.
Comme l’a expliqué Aruna Kashyap de HRW à l’AFP, "se concentrer sur les vaccins et faire des dons de charité ne suffit pas. L’échec du G7 à soutenir sans équivoque une dérogation temporaire aux règles mondiales de propriété intellectuelle est un statu quo meurtrier".
Pour l’OMS et ses partenaires, la question des fonds est aussi cruciale pour éradiquer la pandémie.
Plus de 16 milliards de dollars (13,2 milliards d’euros) sont encore nécessaires cette année pour financer le dispositif international chargé d’accélérer l’accès aux outils de lutte contre le Covid (Accélérateur ACT), et soutenir notamment la distribution de traitements, d’oxygène, de tests et d’équipements de protection.
"16 milliards représentent moins de 1% des dépenses annuelles consacrées à la défense militaire dans le monde. Nous pouvons certainement nous permettre de dépenser 1% de cette somme pour sauver des vies et mettre fin à cette pandémie", a affirmé le directeur du programme des urgences sanitaires de l’OMS, Michael Ryan, lors de la conférence de presse. (AFP)
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