«Nous demandons de prendre une décision concernant l'expulsion immédiate de la Russie du Conseil de l'Europe», a lancé le chef du gouvernement ukrainien, s'exprimant par visioconférence depuis Kiev lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) qui siège à Strasbourg. Le Comité des ministres de l'organisation, son «exécutif» où siègent les ambassadeurs de ses États membres, doit se réunir jeudi matin pour en décider.
«Il est temps d'arrêter cette agression»
S'exprimant à la place du président ukrainien Volodymyr Zelensky, initialement prévu mais retenu par les pourparlers avec Moscou, Denys Chmygal a appelé les parlementaires des 46 États membre du Conseil présents à «unir (les) efforts pour défendre l'Ukraine, mais aussi pour défendre toute l'Europe». «Il est temps d'arrêter cette agression avant qu'il y ait une catastrophe nucléaire ou que toute l'Europe soit en feu», a-t-il mis en garde, exigeant «de sécuriser le ciel au-dessus de l'Ukraine».
Dès le lendemain du déclenchement de la guerre en Ukraine, le Conseil de l'Europe avait décidé de «suspendre» la participation des parlementaires et diplomates russes à ses principaux organes, à l'exception de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), son instance judiciaire. Face à la succession d'appels à cesser les combats, restés lettre morte, l'organisation, rejointe par la Russie en 1996, envisage de demander à Moscou de la quitter, ce que le gouvernement de Vladimir Poutine a envisagé, mais sans avoir franchi le pas jusqu'à présent. «On est en train de tirer un trait, mais il n'est pas complètement tiré», a déclaré Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, sur la chaîne russe Channel One.
L'APCE est réunie lundi et mardi en session extraordinaire, une première dans son histoire. Mardi en début de soirée, à l'issue d'une journée de débats, les parlementaires devraient adopter un texte recommandant au comité des ministres «d'inviter la Fédération de Russie à se retirer du Conseil de l'Europe», ce qui conduirait à une sortie du pays de l'organisation internationale. «Ceci est la mesure la plus sévère que l'organisation peut prendre», a expliqué lors d'une conférence de presse le président de l'APCE, le Néerlandais Tiny Kox, insistant à plusieurs reprises sur le fait que la Russie avait «franchi la ligne rouge».
AFP