Cette demande globale devrait ensuite se maintenir à peu près à ce niveau jusqu'à 2025, «en l'absence d'efforts supplémentaires pour accélérer la transition énergétique», estime l'AIE, qui entrevoit un recul dans les économies avancées mais une demande toujours «robuste» en Asie. Conséquence pour le climat : le charbon, énergie la plus nocive entre toutes, restera dans l'immédiat et de loin la première source de CO2 du système énergétique mondial.
«Le monde est proche d'un pic dans son usage de l'énergie fossile, avec en premier le déclin attendu du charbon, mais nous n'y sommes pas encore», résume Keisuke Sadamori, directeur des Marchés et de la sécurité énergétiques à l'AIE. «La demande de charbon résiste et atteindra probablement son plus haut historique cette année, poussant les émissions mondiales à la hausse», poursuit-il. «En même temps, de nombreux signaux montrent que la crise actuelle accélère aussi le déploiement des renouvelables, l'efficacité énergétique, le recours aux pompes à chaleur», ajoute l'expert, pour qui «les mesures gouvernementales seront déterminantes» pour accélérer ce mouvement.
Dans un contexte de crise de l'énergie, la demande de charbon, pour produire de l'électricité, a cette année profité en particulier du renchérissement du gaz, et ce même si le ralentissement économique a réduit la demande électrique. En Chine (53% de la consommation mondiale), la demande a pâti, d'une part, des confinements liés au Covid, mais sécheresse et canicule ont aussi dopé les besoins de climatisation et réduit le recours possible l'hydroélectricité.
L'Europe, confrontée à la baisse des livraisons gazières de la Russie, devrait de son côté voir sa consommation de charbon augmenter en 2022 pour la deuxième année consécutive. Les prix du charbon ont pourtant crû à des niveaux jamais vus, en mars, puis en juin, dans la foulée des prix du gaz mais aussi de difficultés de production de l'Australie, un fournisseur clé. Mais les trois principaux producteurs mondiaux – Chine, Inde et Indonésie – ont tous battu cette année leurs records de production.
Lueur dans ce paysage, le rapport ne voit aucun mouvement d'investissements en faveur de projets destinés à l'export. «Cela reflète la prudence des investisseurs et des compagnies minières quant aux perspectives du charbon sur les moyen et long termes», souligne l'agence, créée en 1974 par l'OCDE pour conseiller les États dans leur politique énergétique.
AFP
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