La réunion prévue dans le cadre du mémorandum tripartite signé en juin 2022 par la Türkiye, la Finlande et la Suède, est "dénuée de sens", a indiqué Mevlut Cavusoglu lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue serbe, Ivica Dacic. Il a fait référence au nombre croissant d'occasions où la Suède n'a pas respecté ses engagements dans le cadre de cet accord.
"Le but de ce mécanisme est de voir quelles conditions du mémorandum sont remplies ou non. Mais cela a été reporté car ce ne serait pas une réunion saine, cette situation lui ferait de l'ombre", a-t-il ajouté.
La première réunion du mécanisme conjoint permanent établi en vertu du mémorandum s'est tenue le 26 août 2022 à Vantaa, en Finlande, et la deuxième réunion le 26 novembre 2022 à Stockholm.
"Cela ne sert donc à rien non plus. La Suède n'a pris aucune mesure sérieuse pour mettre en œuvre le mémorandum. La Suède doit choisir soit de déminer sa route vers l'OTAN, soit de marcher sur ces mines et de faire sauter ses chances", a imagé Cavusoglu.
Au sujet de l'autodafé du Coran, Mevlut Cavusoglu a déclaré : "L'attaque ignoble en Suède est une attaque raciste qui n'a rien à voir avec la liberté de pensée. Le gouvernement suédois a pris part à ce crime en autorisant cet acte ignoble".
Le 21 janvier, Rasmus Paludan, un homme politique suédois-danois d'extrême droite, a brûlé un exemplaire du Coran devant l'ambassade de Türkiye à Stockholm, sous la protection de la police et avec l'autorisation des autorités, suscitant une vague de condamnations de la part du monde arabe et islamique.
Le lendemain, Edwin Wagensveld, un homme politique néerlandais d'extrême droite et le chef du groupe islamophobe Pegida, a arraché des pages d'un exemplaire du Coran à La Haye. Dans une vidéo publiée sur Twitter, Wagensveld montre qu'il a brûlé les pages arrachées du livre saint dans une poêle.
La Suède et la Finlande ont officiellement demandé à rejoindre l'Otan en mai dernier, abandonnant des décennies de non-alignement militaire, une décision motivée par la guerre de la Russie contre l'Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022.
La Türkiye, membre de l'Otan depuis plus de 70 ans, a émis des objections, accusant les deux pays de tolérer et même de soutenir des groupes terroristes, notamment le PKK et le groupe FETO, à l'origine de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 en Türkiye.
En juin dernier, la Türkiye et les deux pays nordiques ont signé un mémorandum lors d'un sommet de l'Otan afin de répondre aux préoccupations légitimes d'Ankara en matière de sécurité, ouvrant ainsi la voie à leur adhésion éventuelle à l'alliance.
Dans le mémorandum, la Suède et la Finlande ont convenu de ne pas fournir de soutien aux YPG/PYD et FETO, d'empêcher toutes les activités des groupes terroristes, d'extrader les personnes soupçonnées de terrorisme, d'introduire une nouvelle législation pour punir les crimes terroristes et de ne pas mettre en œuvre d'embargos nationaux sur les armes entre les trois pays.