Le réseau social de partage de vidéos est perçu comme une menace pour la sécurité nationale par de nombreux élus occidentaux à cause de son appartenance à une société chinoise. Aux États-Unis, La destruction en février d'un ballon chinois supposé espion a suscité un regain d'efforts au Congrès pour bannir le service de courtes vidéos divertissantes, accusé de donner accès à Pékin à des données d'utilisateurs du monde entier, ce qu'il a toujours nié.
«Si l'objectif est de protéger la sécurité nationale, une cession ne résout pas le problème: (le fait que l'application) change de propriétaire ne signifiera pas l'imposition de nouvelles restrictions sur la circulation des données ou l'accès à celles-ci», a réagi une porte-parole de TikTok, contactée par l'AFP. «La meilleure façon de répondre aux inquiétudes concernant la sécurité nationale c'est d'utiliser les systèmes américains de protection des données des utilisateurs du pays, avec un contrôle solide et des vérifications par des tiers, ce que nous sommes déjà en train de mettre en place», a-t-elle ajouté.
Devant YouTube, Twitter, Instagram et Facebook
TikTok, qui fait de nombreux efforts pour rassurer les politiques et le public sur son intégrité, comptait sur le CFIUS pour trouver un compromis. «La façon la plus rapide et la plus efficace de répondre à ces inquiétudes (...) est que le CFIUS adopte l'accord proposé sur lequel nous travaillons avec eux depuis plus de deux ans», avait affirmé un porte-parole de TikTok fin février. Il réagissait à l'examen d'un projet de loi porté par les républicains, qui donnerait l'autorité au président Joe Biden de bannir complètement TikTok.
La Maison Blanche a déjà interdit aux fonctionnaires des institutions fédérales d'avoir l'appli sur leurs smartphones, en application d'une loi ratifiée début janvier. La Commission européenne et le gouvernement canadien ont récemment pris des décisions similaires pour les téléphones portables de leurs fonctionnaires. L'entreprise stocke les données des utilisateurs américains sur des serveurs situés dans le pays. Elle a admis que des employés basés en Chine y avaient accès, mais dans un cadre strict et limité, et pas le gouvernement chinois.
Avec les tensions qui empirent entre les États-Unis et la Chine, l'application se retrouve prise au piège, au milieu du ring. »
Dan Ives, de Wedbush
À l'été 2020, l'ancien président Donald Trump avait signé plusieurs décrets pour tenter de bannir la plateforme ou de la faire racheter par une entreprise américaine. «TikTok est en train de revivre la saga de 2019/2020», a souligné Dan Ives, de Wedbush. «Avec les tensions qui empirent entre les États-Unis et la Chine, l'application se retrouve prise au piège, au milieu du ring», a ajouté l'analyste dans une note.
La popularité déjà considérable de la plateforme a explosé à la faveur de la pandémie, au-delà de son public originel, les adolescents. L'appli compte plus de 100 millions d'utilisateurs aux États-Unis. Elle a dépassé ces dernières années YouTube, Twitter, Instagram et Facebook en «temps passé» par les adultes américains sur chaque plateforme, et talonne désormais Netflix, d'après Insider Intelligence.
La puissante association américaine de défense des droits civiques ACLU s'est opposée aux projets de loi anti-TikTok au nom de la liberté d'expression.
AFP