La Corée du Nord annonce l'échec en vol de son satellite espion

  31 Mai 2023    Lu: 665
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La Corée du Nord a annoncé mercredi 31 mai avoir tenté de lancer un «satellite de reconnaissance militaire» mais que celui-ci s'était «abîmé en mer», après avoir déclenché une alerte au missile au Japon et un ordre d'évacuation erroné à Séoul. 

«La nouvelle fusée de transport de satellites Cheollima-1 s'est abîmée dans la mer de l'Ouest», le nom coréen de la mer Jaune, a déclaré l'agence de presse d'État KCNA, expliquant cet échec par «une perte de poussée due à un démarrage anormal du moteur du deuxième étage, après la séparation du premier étage pendant un vol normal».

Le projectile a «rapidement disparu des radars avant d'atteindre son point de chute attendu», selon l'armée sud-coréenne citée par l'agence Yonhap. L'armée sud-coréenne a ensuite annoncé qu'elle avait commencé à récupérer des «débris présumés» de l'appareil dans des eaux situées à 200 kilomètres à l'ouest de l'île d'Eocheong, au large du centre de la Corée du Sud.

Le tir, survenu tôt mercredi, a semé la confusion au Japon et à Séoul. Les sirènes ont retenti, assorties d'une alerte d'«urgence critique» envoyée par la mairie de la capitale sud-coréenne à 06H41 (21H41 GMT) accompagnée d'une sonnerie tonitruante sur tous les téléphones mobiles de la ville. L'alerte, qui exhortait les habitants à se préparer pour une évacuation en faisant passer les «enfants et les personnes âgées d'abord», a ensuite été annulée, le ministère de l'Intérieur invoquant une erreur. Selon l'armée sud-coréenne citée par Yonhap, la fusée a bel et bien survolé la mer Jaune mais sans affecter la zone métropolitaine de Séoul.

Une opération annonciatrice de «provocations plus importantes»
Une alerte au missile avait également été émise dans le département japonais d'Okinawa (sud), appelant la population à se mettre à l'abri. Elle a également été levée par le gouvernement, 30 minutes plus tard. Tokyo a condamné «fermement» mercredi le tir par la Corée du Nord et dénoncé une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les États-Unis ont condamné ce lancement qui utilise «la technologie des missiles balistiques» et «risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et au-delà», a estimé Adam Hodge, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain. Pyongyang avait annoncé mardi qu'il allait mettre en orbite un satellite espion afin de «faire face aux actions militaires dangereuses des États-Unis et de leurs vassaux». Bien qu'il ne communique pas à l'avance sur ses essais de missiles, le régime informe généralement sur ses programmes spatiaux présentés comme pacifiques, et avait prévenu que ce lancement interviendrait entre le 31 mai et le 11 juin.

«La détermination de Kim (Jong Un) ne s'arrête pas là», a estimé auprès de l'AFP Soo Kim, ancienne analyste de la CIA, ajoutant que cette dernière opération peut être annonciatrice de «provocations plus importantes, dont l'essai nucléaire sur lequel nous spéculons depuis longtemps». En 2012 et 2016, la Corée du Nord avait réalisé des tests de missiles balistiques en les qualifiant de lancements de satellites. Les deux projectiles avaient survolé la région d'Okinawa. Tokyo et Séoul avaient condamné le projet de satellite aussitôt annoncé, invoquant eux aussi les sanctions des Nations unies à l'encontre de la Corée du Nord. «Si la Corée du Nord procède effectivement à ce lancement, elle devra en payer le prix et supporter la souffrance qu'elle mérite», avait lancé le ministère des Affaires étrangères sud-coréen.

Les échecs des satellites nord-coréens
Selon des spécialistes, la Corée du Nord ne dispose d'aucun satellite en fonctionnement, bien qu'elle en ait envoyé cinq vers l'espace. Trois lancements ont échoué. Quant aux deux autres appareils, qui ont vraisemblablement été mis en orbite, aucun organisme indépendant n'a jamais capté leurs signaux, laissant penser à un dysfonctionnement.

Critiquant les récentes manœuvres militaires entre Washington et Séoul, un haut responsable nord-coréen avait déclaré mardi que son pays ressentait «le besoin de développer ses moyens de reconnaissance et d'information ainsi que d'améliorer diverses armes défensives et offensives». Pour Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, le succès de la mission importe moins que la capacité de Pyongyang à construire un discours de propagande et une nouvelle rhétorique diplomatique autour de ses capacités spatiales. Depuis une escalade des tensions en 2019 avec sa voisine, la Corée du Nord a accéléré son développement militaire et s'est déclarée puissance nucléaire «irréversible» par le biais de son leader, Kim Jong Un. Ce dernier a appelé à l'augmentation «exponentielle» de l'arsenal nord-coréen, y compris en armes nucléaires tactiques.

AFP


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