L’Algérie rejette une demande française de survoler son espace aérien pour intervenir au Niger

  22 Août 2023    Lu: 427
  L’Algérie rejette une demande française de survoler son espace aérien pour intervenir au Niger

Alger a rejeté une demande de Paris pour autoriser les avions français à survoler l'espace aérien algérien en prévision d'une opération militaire imminente au Niger.

La radio nationale algérienne a rapporté, lundi, sur son site Internet, les déclarations de "sources confirmées" sous couvert de l'anonymat, que "la France s'apprête à exécuter ses menaces contre le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au Niger, en procédant à une intervention militaire au cas où le président Mohamed Bazoum n'est pas libéré".

"L’intervention militaire serait imminente, tout le dispositif militaire est en place", a indiqué la radio nationale.

" L’Algérie, qui a toujours rejeté la force, a donné une suite négative à la demande française de survol du territoire national pour attaquer le Niger. La réponse d’Alger est ferme et sans équivoque", a ajouté la même source.

Il est à noter que la radio algérienne est la seule source gouvernementale à avoir publié l'information, et que les autres médias locaux l'ont relayée ce mardi en citant cette source, à l’instar du journal arabophone Al-Khabar (privé) et le journal francophone Le Soir (privé).

Pour l’heure, il n'y a eu aucun commentaire officiel de la part des autorités françaises sur ce qui a été rapporté par la radio algérienne, mais ce n'est pas la première fois que l'Algérie refuse le survol de son espace aérien par des avions français.

Selon la chaîne « CGTN AFRICA », le chef d'état-major de l’armée française aurait infirmé toute demande de Paris de survol de l’espace aérien algérien par des avions français. « Aucune demande n’a été faite par la France, pour survoler l’espace aérien de l’Algérie dans le cadre d’une éventuelle opération liée au Niger », aurait assuré le haut responsable militaire français, cité par le média chinois.

En octobre 2021, l'Algérie avait refusé le survol de son espace aérien par des avions cargos militaires français opérant dans le nord du Mali, et ce, à un moment où une crise diplomatique battait son plein entre les deux pays, sur fond de déclarations controversées du président Emmanuel Macron.

La fermeture de l'espace aérien algérien aux avions français double leur temps de vol pour rejoindre le Sahel africain, dans la mesure où ils sont obligés de chercher d'autres itinéraires, prolongeant ainsi la durée des vols à 10 heures au lieu de 4 heures à travers l’espace aérien algérien.

L'Algérie et le Niger partagent une frontière commune de plus de 950 km, et le pays a affirmé à plusieurs reprises son refus total d’une intervention militaire au Niger, affirmant plutôt son "soutien à la restauration de l'ordre constitutionnel par des voies pacifiques".

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué, samedi, dans lequel il a déclaré qu’“À un moment où l’intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin“.

La France dispose de troupes sur le terrain au Niger, au nombre d'environ 3 000 soldats, issus pour la plupart de la force Barkhane, qui a quitté le Mali à la demande des autorités de transition. Le CNSP au pouvoir au Niger a accordé un délai d’un mois aux troupes françaises (jusqu'à début septembre) pour quitter le territoire.

Le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cédéao, Abdel-Fatau Musah, avait affirmé vendredi dernier, à l'issue d'une réunion des chefs d'état-major des armées ouest-africaines réunis depuis jeudi à Accra au Ghana - pour discuter des modalités d’une éventuelle intervention militaire au Niger - que « La force en attente de la Cédéao est prête à intervenir » au Niger dès que les dirigeants des pays ouest-africains en donneront l’ordre.​​​​​​​

Les pays de la Cédéao et la France appellent les militaires au pouvoir au Niger à rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions, une demande qui a été refusée jusqu'à présent.

De son côté, le CNSP au Niger a annoncé une transition de trois ans maximum et convoqué un dialogue national inclusif.


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