La colère du pouvoir algérien contre Le Monde remonte à mardi, lorsque le quotidien du soir a publié en Une une photo de M. Bouteflika parmi les dirigeants mis en cause, avant de se raviser en précisant que le nom du chef de l`Etat algérien "n`apparaît pas dans les Panama Papers". Dans la foulée mercredi, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l`ambassadeur de France pour lui faire part de son mécontentement face à une "campagne hostile" à l`Algérie menée selon lui dans les médias français. C`est ce même jour que les autorités françaises ont été informées de l`intention d`Alger de ne pas accorder des visas à deux médias sur la vingtaine accrédités pour ce déplacement du gouvernement français.
Manuel Valls, a fait savoir Matignon, a téléphoné à son homologue algérien Abdelmalek Sellal pour tenter d`obtenir la levée de la sanction, mais sans succès. "Il a plaidé (pour) que l`ensemble de la délégation de presse qui accompagne le Premier ministre puisse bénéficier de l`autorisation de rentrer" en Algérie, selon son entourage. Même s`il s`agit d`une "décision de souveraineté" d`Alger, M. Valls a souligné que celle-ci pourrait avoir des "effets contre-productifs sur la réaction des médias français". L`Association de la presse ministérielle s`est "indignée" dans un communiqué et a "demandé instamment aux autorités algériennes de réviser leur jugement contraire aux principes d`une presse libre et indépendante". Cette poussée de fièvre diplomatico-médiatique intervient alors que la relation bilatérale, souvent tumultueuse, traverse une phase d`apaisement depuis l`arrivée de François Hollande à l`Elysée, même si des divergences s`étaient fait jour lors de la visite du chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault fin mars.
Un ministre algérien cité dans les Panama Papers
L`affaire pourrait faire passer au deuxième plan des accords économiques que Matignon espère voir finalisés au cours du week-end, avec un forum d`affaires dimanche. En premier lieu un accord pour l`implantation d`une usine PSA à Oran, la deuxième ville du pays, afin de desservir le marché local, qui suivrait un mouvement similaire de son compatriote Renault. L`extension d`une usine de tramways du français Alstom, ouverte l`an dernier, est également en cours de négociation, indique-t-on à Paris, de même qu`un accord pour l`ouverture d`une usine Air Liquide.Outre plusieurs rencontres entre les différents ministres -dont MM. Valls et Sellal qui doivent tenir une conférence de presse- la visite devrait également donner lieu à une rencontre entre le Premier ministre français et M. Bouteflika.
Le ministre de l`Economie Emmanuel Macron doit lui rencontrer l`influent ministre de l`Industrie algérien Abdesselam Bouchouareb, qui fait lui bien partie des personnalités mises en cause dans le scandale des Panama Papers. Selon les révélations du Monde, ce dernier a détenu une société établie au Panama, Royal Arrival Corp, créée en avril 2015 à travers les services d`une société de domiciliation d`entreprises offshore. Elle avait pour mission "la gestion d`un portefeuille de valeurs immobilières d`un montant de 700.000 euros, détenu actuellement à titre personnel" par le ministre, selon le quotidien. Pour sa défense, une société de gestion luxembourgeoise a affirmé que cette structure n`avait jamais été "active".
Tags: