La grippe aviaire, une menace pour la santé humaine, selon des experts

  11 Décembre 2024    Lu: 121
La grippe aviaire, une menace pour la santé humaine, selon des experts

La grippe aviaire, menace d'une future pandémie ? La vigilance est plus que jamais de mise, jugent des experts, devant des signes de mutation du virus à mesure qu'il se propage parmi des vaches laitières et infecte des humains aux États-Unis.

A ce stade, rien ne dit que cette maladie se transmettra un jour entre humains, et les autorités sanitaires américaines continuent de juger faible le risque pour la santé de la population générale.

La grippe aviaire A (H5N1) est apparue en 1996 en Chine, mais, depuis 2020, le nombre de foyers chez les oiseaux a bondi, un nombre croissant d'espèces de mammifères a été touché ainsi que des régions du monde jusqu'alors épargnées, comme l'Antarctique. Plus de 300 millions de volailles ont été tuées en lien avec la maladie depuis octobre 2021, et 315 espèces d'oiseaux sauvages atteintes ont été détectées dans 79 pays, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé animale à l'AFP. Des mammifères qui mangeaient des oiseaux morts infectés, comme les phoques, ont aussi commencé à succomber en masse.

Nouvelle évolution en mars: des cas de grippe aviaire dans plusieurs troupeaux de vaches laitières aux Etats-Unis. Selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies, 58 personnes ont été testées positives à la grippe aviaire dans le pays cette année, dont deux pas exposées auparavant à des animaux infectés. En novembre, des chercheurs ont indiqué que 8 sur 115 travailleurs laitiers testés dans le Michigan et le Colorado avaient des anticorps contre la grippe aviaire, laissant supposer un taux d'infection de 7%.

La grippe aviaire frappe à notre porte et pourrait déclencher une nouvelle pandémie. »
Meg Schaeffer, épidémiologiste à l’institut américain SAS

Plusieurs éléments laissent penser que «la grippe aviaire frappe à notre porte et pourrait déclencher une nouvelle pandémie», a déclaré à l'AFP Meg Schaeffer, épidémiologiste à l'institut américain SAS. Plusieurs obstacles empêchent encore le virus H5N1 de se propager facilement entre humains, notamment la nécessité de muter pour infecter plus efficacement les poumons. Mais, selon des recherches publiées jeudi dans la revue Science, la version de la grippe aviaire infectant les vaches américaines n'est plus qu'à une mutation d'une propagation plus aisée parmi les humains.

Pour le virologue Ed Hutchinson, de l'université écossaise de Glasgow, cela suggère que le virus H5N1 n'est qu'à «un simple pas» de devenir «plus dangereux pour nous». Le récent séquençage génétique d'un adolescent canadien très malade de la grippe aviaire a montré que le virus avait commencé à évoluer pour trouver des moyens de se lier plus efficacement aux cellules du corps, a pointé ce chercheur au Science Media Centre. Mais, a-t-il tempéré, «nous ne savons pas encore si le virus de la grippe H5N1 évoluera pour se muer en maladie humaine», et d'autres obstacles demeurent. 

Cependant, plus le virus est en capacité d'infecter des animaux et des espèces différentes, «plus il y a de probabilités qu'il s'adapte pour mieux infecter l'homme», a averti Meg Schaeffer. Et si une pandémie de grippe aviaire devait se déclarer, elle serait «extrêmement grave» chez l'homme, faute d'immunité acquise, selon elle. Les cas de travailleurs agricoles américains ont été relativement bénins jusqu'alors. Mais près de la moitié des 904 cas humains de H5N1 enregistrés depuis 2003 ont été mortels, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Appelant à se «préparer à l'éventualité d'une pandémie de grippe aviaire», Maria Van Kerkhove, qui dirige le département Prévention et préparation aux épidémies et pandémies de l'OMS, a jugé fin novembre que «nous n'en sommes pas encore là» mais que «nous devons redoubler de vigilance». Pour Tom Peacock, virologue à l'Imperial College de Londres, il y a des raisons de ne pas être trop pessimiste. Des traitements antiviraux et des vaccins sont ainsi disponibles contre la grippe aviaire, une différence majeure par rapport au Covid en 2020, a-t-il déclaré à l'AFP.


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