IA : les auteurs et les éditeurs français assignent Meta en justice

  12 Mars 2025    Lu: 129
IA : les auteurs et les éditeurs français assignent Meta en justice

Le bras de fer s’intensifie entre Saint-Germain-des-Prés et la Silicon Valley. Plusieurs organisations représentatives des éditeurs et des auteurs français assignent Meta devant le tribunal judiciaire de Paris pour une utilisation massive d’œuvres sous droits, sans autorisation de leurs auteurs et éditeurs.

Le Syndicat national de l’édition (SNE), le Syndicat national des auteurs et compositeurs (SNAC) et la Société des gens de lettres (SGDL) accusent le géant numérique d’avoir utilisé illégalement des milliers de livres français pour entraîner son modèle d’IA générative «Llama». Ils entendent obtenir une compensation financière pour les auteurs dont les ouvrages servent à nourrir le programme de Meta.

Les syndicats ont travaillé près d’un an avec un cabinet d’avocats pour rassembler des éléments prouvant l’utilisation de livres français dans l’entraînement de Llama, selon La Lettre. Selon Renaud Lefevre, le directeur général du SNE, il s’agit de «la première fois au monde que des éditeurs et des auteurs s’unissent pour attaquer un géant de la tech». Il précise que cette initiative judiciaire intervient après «des échanges» avec Meta qui ont «tourné court». Les éditeurs et les auteurs français envisagent de réunir ultérieurement des preuves de pillages d’œuvres protégées par d’autres modèles d’IA générative. «On s’est concentré sur un acteur, mais nous n’avons pas de doutes sur le fait que ces pratiques sont aussi le fait d’autres acteurs», a précisé le directeur général au cours d’une conférence de presse organisée ce mercredi.

«Cette initiative souligne l’importance d’agir conjointement entre les auteurs et les éditeurs. Jusqu’ici la moisson de données s’est faite de manière libre et débridée, pendant des années il y a eu ce pillage de données protégées et il faut maintenant parvenir à une rémunération pour l’utilisation de ces œuvres», estime, de son côté, Christophe Hardy, président de la SGDL.

Depuis 2023, le groupe de Mark Zuckerberg est ciblé par une procédure similaire aux États-Unis. Les auteurs Richard Kadrey, Sarah Silverman et Ta-Nehisi Croates ont assigné Meta devant un tribunal californien, estimant que ce dernier a utilisé leurs œuvres sans consentement et en dissimulant ces pratiques. Le juge fédéral a récemment estimé que les accusations étaient assez solides pour justifier la poursuite du procès, rejetant ainsi la demande d’abandon formulée par Meta.

Dans le cadre de cette procédure, l’entreprise a admis avoir puisé dans la gigantesque base de données pirate «Book 3». Ce corpus de 200.000 livres, dans lequel figure notamment ceux des Français Patrick Modiano et Michel Houellebecq, a alimenté en toute illégalité les modèles concurrents de ChatGPT. Le lobby danois Rights Alliance a obtenu sa fermeture en 2023. Mais la base de données Library Genesis, ou LibGen, soupçonnée de contenir des millions d’ouvrages de non-fiction et d’articles de magazines scientifiques, est elle toujours accessible. Meta est soupçonné par Sarah Silverman et les autres plaignants de l’avoir également utilisée pour alimenter «Llama», avec le feu vert de Mark Zuckerberg.

Avec Le Figaro


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