Pour comprendre pourquoi, il faut se pencher sur la méthode employée. Les chercheurs, qui ont publié leurs travaux cette semaine dans la revue Science Advances, “ont dirigé un faisceau laser” vers la rétine d’un œil de chaque participant, mais en ne stimulant que certaines cellules, pour “brouiller” le message envoyé par l’œil au cerveau, observe la BBC.
La rétine contient trois types de cônes (S, L et M) responsables de la perception des trois couleurs primaires (bleu, rouge et vert). En vision normale, “toute lumière stimulant un type de cône doit également stimuler les cônes voisins”, pour rendre compte des nuances de couleurs, précise le diffuseur britannique.
Or dans le cadre de l’étude, “le laser n’a stimulé que les cônes M, ce qui, en principe, enverrait au cerveau un signal de couleur qui ne se produit jamais en vision naturelle”, explique la BBC. En d’autres termes, “la couleur olo ne peut être perçue à l’œil nu sans stimulation spécifique” et artificielle.
Traitement du daltonisme ?
Ren Ng, informaticien et chercheur en vision à l’Université de Californie à Berkeley, coauteur de l’étude et participant au test, affirme que “cette technique a le potentiel de créer de nouvelles couleurs”, selon Nature. “Elle pourrait également permettre aux personnes atteintes de daltonisme, pour lesquelles il n’existe aucun traitement efficace, de percevoir des différences de teintes qu’elles ne percevraient pas autrement”, ajoute le chercheur.
Une thérapie de ce type n’est cependant pas pour demain, souligne le magazine scientifique. “Jusqu’à présent, l’équipe n’est parvenue à contrôler précisément la couleur que dans une zone de vision restreinte” – une surface équivalente à deux disques lunaires dans l’ensemble du ciel – et “cette méthode nécessite une technologie accessible à très peu de laboratoires”.
Mais, même si elle n’est pas appliquée à grande échelle, cette recherche constitue “une prouesse technique impressionnante”, offrant “un potentiel considérable pour les recherches futures”, déclare Jenny Bosten, neuroscientifique à l’Université du Sussex à Brighton, au Royaume-Uni, citée par le magazine.