Nissan annonce une perte nette annuelle colossale de 4,1 milliards d’euros et prévoit 20.000 suppressions d’emplois

  13 Mai 2025    Lu: 135
Nissan annonce une perte nette annuelle colossale de 4,1 milliards d’euros et prévoit 20.000 suppressions d’emplois

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a essuyé en 2024-2025 une perte nette annuelle colossale, plombé par une douloureuse restructuration qui le conduira d’ici 2027 à fermer 7 usines et à supprimer 20.000 emplois, soit 15% de ses effectifs mondiaux. «Nous avons une structure de coûts très élevée. Pour compliquer les choses, le marché mondial est volatil et imprévisible, rendant la planification et l’investissement de plus en plus difficiles», a déclaré mardi le PDG Ivan Espinosa.

Nissan, dont le français Renault détient 35%, a enregistré une perte nette de 671 milliards de yens (4,1 milliards d’euros) sur l’exercice décalé achevé fin mars. Renault a dit mardi s’attendre lui-même à un impact négatif de 2,2 milliards d’euros au premier trimestre 2025 en raison des difficultés du constructeur japonais. Cette contre-performance s’explique notamment par les coûts liés au plan de redressement engagé: fortement endetté, non rentable et miné par l’essoufflement des ventes sur ses marchés-clés, Nissan avait annoncé en novembre vouloir réduire de 20% ses capacités de production.

Il avait dans le même temps annoncé viser 9000 suppressions de postes dans le monde. Un chiffre finalement porté mardi à 20.000 au total d’ici l’exercice budgétaire 2027. «Nous ne ferions pas cela si ce n’était nécessaire pour survivre», a assuré Ivan Espinosa. Nissan ajoute qu’il «consolidera le nombre de ses usines de production de véhicules de 17 à 10 d’ici l’exercice 2027 (...) et accélérera les réductions des dépenses d’investissement». L’entreprise a récemment abandonné son projet, tout juste approuvé, d’une usine de batteries au lithium d’un milliard de dollars dans le sud du Japon.

Nissan, dont l’action a perdu 40% sur l’année écoulée, reste sous la pression d’un énorme endettement : les agences de notation ont abaissé sa note et l’ont placée en catégorie spéculative, Moody’s pointant sa «faible rentabilité» et «sa gamme de modèles vieillissants». Lors des trois premiers mois de 2025, il a encore vu ses ventes mondiales plonger de 5,5% sur un an, à quelque 869.000 véhicules, plombées par la Chine (-27,5%), le Japon (-9,8%) et l’Europe (-3,4%). Les perspectives restent moroses : à l’effritement de la demande s’ajoute la guerre commerciale engagée par Washington.

Le constructeur a réalisé en 2024-2025 un chiffre d’affaires stable (-0,4%) de 12.633 milliards de yens (76,9 milliards d’euros), et attend des revenus du même ordre pour l’exercice 2025-2026 entamé début avril. Mais - chose rare - il n’a dévoilé aucune prévision de bénéfices pour ce nouvel exercice. «L’incertitude liée aux politiques douanières américaines nous empêche d’estimer rationnellement nos prévisions annuelles», explique Ivan Espinosa.

Depuis avril, Washington surtaxe à 25% les voitures importées aux États-Unis. Or, Nissan y a réalisé l’an dernier 30% de ses ventes mondiales : 924.000 véhicules, dont 45% étaient importés du Japon et du Mexique. Parmi les constructeurs japonais, Nissan sera probablement le plus durement touché, explique à l’AFP Tatsuo Yoshida, analyste chez Bloomberg Intelligence. Dans l’immédiat, Nissan assure disposer de stocks «importants» chez ses concessionnaires américains, mais ensuite il sera confronté à un dilemme: répercuter les surtaxes sur les prix de vente pourrait dissuader sa clientèle, prévient Tatsuo Yoshida.

Avec AFP


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