L’administration Trump retire à l’université Harvard le droit d’accueillir des étudiants étrangers

  23 Mai 2025    Lu: 129
L’administration Trump retire à l’université Harvard le droit d’accueillir des étudiants étrangers

L’administration Trump a annoncé jeudi qu’elle retirait le droit d’accueillir des étudiants étrangers à la prestigieuse université privée Harvard, privant d’un moyen de rayonnement important l’institution contre laquelle le gouvernement américain a lancé une vaste offensive.

«La certification du programme SEVIS (Student and Exchange Visitor) de l’université Harvard est révoquée avec effet immédiat», a écrit la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem dans une lettre adressée à l’université. Ce programme est le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis. Selon la ministre, cette décision signifie qu’Harvard a l’interdiction de recevoir des étudiants titulaires de visas F ou J pour l’année scolaire 2025-2026, une immense perte potentielle pour l’université.

Kristi Noem a assorti sa décision choc d’un ultimatum: si Harvard veut retrouver ce «privilège», elle doit fournir dans les 72 heures toute une série d’informations dont elle disposerait sur d’hypothétiques activités «illégales» de ses étudiants étrangers dans les cinq dernières années.

Harvard a déclaré que cette mesure constituait une mesure de représailles qui menaçait de porter gravement préjudice à l’université. «L’action du gouvernement est illégale. Nous sommes pleinement déterminés à maintenir la capacité de Harvard à accueillir des étudiants et des chercheurs internationaux, originaires de plus de 140 pays, qui enrichissent considérablement l’université, et la nation tout entière», a déclaré l’université dans un communiqué. D’après son site internet, l’université accueille cette année quelque 6700 «étudiants internationaux», soit 27% du total.

L’administration Trump a lancé depuis plusieurs mois une vaste offensive contre l’enseignement supérieur aux États-Unis, accusant les universités privées les plus prestigieuses d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme et de n’avoir pas protégé suffisamment les étudiants juifs pendant les manifestations contre la guerre d’Israël à Gaza. Le camp républicain reproche plus généralement aux grandes universités américaines de promouvoir les idées de gauche jugées trop progressistes. Les associations de défense des libertés individuelles y voient une offensive contre la liberté d’expression et une tentative de museler toute critique contre Israël.

Dans son courrier rendu public, la ministre reproche à Harvard son refus de transmettre des informations au gouvernement, «tout en perpétuant un environnement dangereux sur le campus, hostile aux étudiants juifs, encourageant les sympathies pro-Hamas et utilisant des politiques racistes de “diversité, d’équité et d’inclusion”». Ces politiques de diversité sont justifiées par leurs défenseurs au contraire comme un moyen de corriger les inégalités historiques au sein de la société américaine.

Dans son bras de fer avec Harvard, le gouvernement américain avait déjà supprimé plus de deux milliards de dollars de subventions, ce qui a mis un coup d’arrêt à certains programmes de recherche. Harvard a contre-attaqué en justice pour défendre sa liberté d’enseignement, une initiative saluée par de nombreux étudiants et professeurs. «Nous travaillons pour fournir au plus vite des conseils et un soutien aux membres de notre communauté. Cette mesure de rétorsion menace de porter gravement atteinte à la communauté de Harvard et à notre pays, et compromet la mission universitaire et de recherche de Harvard», a ajouté de son côté le porte-parole de l’université.

Une étudiante américaine du campus en quatrième année, Alice Goyer, a rapporté à l’AFP que la nouvelle avait commencé à circuler, mais que «personne ne sait» ce que cela signifie pour ses camarades étrangers déjà inscrits à Harvard. «Tout le monde panique un peu», a-t-elle ajouté, en espérant une «bataille judiciaire» contre cette décision choc.


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