N`allez pas en Iran - VIDEO

  13 Mai 2016    Lu: 1228
N`allez pas en Iran - VIDEO
Le jeune réalisateur Benjamin Martinie a été profondément marqué par ses deux semaines en République islamique. Il en revient avec une vidéo choc.
Benjamin Martinie n`aurait jamais imaginé partir un jour en République islamique. En ce début d`année 2016, le jeune Parisien et son ami Baptiste Le Bihan surfent sur Internet à la recherche d`une destination "originale". Surnommé "Tolt", le réalisateur et photographe s`est spécialisé dans la création de court-métrages sur des contrées "inattendues". Sur un site de vols à bas prix, les deux jeunes de 25 ans tombent sur des billets à 200 euros. Destination... la République islamique d`Iran, pays des mollahs et des sulfureux Gardiens de la révolution, dont le programme nucléaire controversé a défrayé la chronique !



"Au départ, c`était à moitié une blague", se souvient Benjamin. "D`autant qu`avec ma tête de Français [le réalisateur est roux, NDLR], je ressentais une certaine appréhension. Mais plus j`ai cherché des informations sur le pays, plus j`ai été rassuré, et plus j`avais envie de partir. Et les Iraniens autour de moi m`ont encouragé à y aller." L`un d`entre eux, un dénommé Reza Faali, rencontré dans les toilettes d`un restaurant parisien (sic), leur ouvre son carnet d`adresses familial. Et leur promet un voyage inoubliable.
"Ce qui vous fappe, c`est l`accueil des Iraniens"

28 février 2016, Benjamin et Baptiste sont dans l`avion pour Téhéran. Arrivés à l`aéroport Imam Khomeiny, ils décrochent leur visa sur place, en à peine quelques minutes. Les voilà lâchés dans la mégalopole iranienne, ses monts enneigés de 4 000 mètres, ses grandes artères polluées et ses 15 millions d`habitants. "Ce qui vous frappe tout de suite, c`est l`accueil des Iraniens. Ils ont le temps", souligne le réalisateur.

À un passant interpellé dans la rue, les deux jeunes demandent l`adresse d`un restaurant. Sans hésiter, l`Iranien les y accompagne... et déjeune avec eux. "Ce n`est pas en France que vous verriez cela", ricane le Parisien. Mais n`est-ce pas là la caractéristique de tous les pays "orientaux", du Maroc à l`Afghanistan ? "Il est vrai que cette chaleur existe ailleurs, mais ce qui frappe en Iran, c`est la bienveillance des Iraniens. Dans beaucoup de pays, les touristes sont considérés comme des billets sur pattes, or en Iran, les Iraniens veulent donner, beaucoup plus que recevoir". Invités à boire un thé et déguster des gâteaux, les deux Français sont sans cesse questionnés sur leur vie de Parisiens, et surtout l`image que les Français ont de l`Iran et des Iraniens. "C`est quasiment à sens unique", glisse Benjamin, gêné.

Logés chez l`habitant

Durant deux semaines, les deux baroudeurs ne dépensent en tout et pour tout que 1 100 euros, billet d`avion compris. "Nous avons quasiment tout le temps été logés, gratuitement. Les seules choses que l`on ait achetées, ce sont des cadeaux, pour nos hôtes." Voyageant en bus pour moins de trois euros le trajet, ou en avion (trente euros le billet intérieur), les touristes découvrent les splendeurs de l`Empire perse pluri-millénaire. La merveilleuse Persépolis, berceau de l`humanité, la romantique Shiraz et ses envoûtants poètes, mais aussi la mosaïque de paysages, des stations de ski jusqu`au désert, comme celui de Maranjab, à une heure et demie de Téhéran.

"Vous y trouvez tout type de paysages : dunes de sable, lac salé, ou désert de buissons. Et ils sont tous magnifiques." La nuit, au coin du feu, les langues des deux guides qui les accompagnent se délient très vite, et le régime en prend pour son grade. "Ils nous assuraient que l`Iran était un pays musulman, mais beaucoup plus moderne que ce que l`on croyait." À Téhéran, un chauffeur de taxi les prend à partie : "Pourquoi avez-vous abrité l`ayatollah Khomeiny en France avant qu`il ne s`empare du pouvoir en Iran ?".

Les autorités islamiques veillent

Relativement effacées durant les deux semaines, les autorités islamiques veillent pourtant au grain. Comme à Ispahan, sur le "pont aux 33 arches", où la "police des mœurs" prie les jeunes demoiselles de rehausser leur foulard tombant. "Il n`y avait aucune violence physique mais ça ne rigolait clairement pas", se souvient Benjamin. "Les filles n`avaient aucun respect pour cette police mais il ne fallait pas trop faire sa rebelle." Les jeunes se vengeront quelques heures plus tard, à leur manière. À l`abri des regards indiscrets, dans l`espace privé d`un "café", ils effaceront de leur mémoire ce douloureux épisode avec de la vodka et du whisky, pourtant interdits.

"N`allez pas en Iran... vous pourriez connaître le meilleur voyage de votre vie." C`est ainsi que le réalisateur conclut son court-métrage, où il se plaît à démonter les clichés persistants sur l`Iran. Étonnament, la République islamique, qui affiche désormais un visage plus respectable, n`a jamais jugé nécessaire de révéler de la sorte les innombrables trésors dont recelle le pays.

"Ce que je montre, c`est ce que j`ai vécu"

Un Français le fait aujourd`hui, résumant en trois minutes, avec des images chocs et efficaces, l`enchantement des Occidentaux de retour d`un séjour en Iran. Mais si l`image du pays commence à changer dans le monde, les libertés, elles, régressent. En 2015, la République islamique a exécuté 966 personnes, un record. Ainsi Benjamin Martinie ne craint-il pas de servir malgré lui la propagande du régime iranien ?

"Ce que je présente n`a rien à voir avec le pouvoir iranien, mais traite de la population, et il existe un véritable clivage entre gouvernement et peuple iranien", insiste-t-il. "Et les images que je montre ne dépeignent pas la vie d`un Iranien, mais celle d`un touriste en Iran. Elles représentent ce que j`ai réellement vécu. Il n`y a aucune mise en scène." De retour à Paris, le jeune homme semble toujours envoûté par son expérience iranienne. Et se lamente que, sur la place du Châtelet, plus personne ne vienne lui adresser spontanément la parole.

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