Une commission d’enquête sur les relations bilatérales entre la France et l’Azerbaïdjan crée à l’Assemblée française par l`UDI?

  28 Juin 2016    Lu: 858
Une commission d’enquête sur les relations bilatérales entre la France et l’Azerbaïdjan crée à l’Assemblée française par l`UDI?
Cas inédit à l’Assemblée nationale, les députés doivent se prononcer mercredi le 29 Juin sur la création d’une commission d’enquête sur les relations bilatérales entre la France et un autre État, l’Azerbaïdjan, qui mobilise des « amis » au Palais-Bourbon pour bloquer cette initiative diplomatiquement sensible de l’Union des démocrates et indépendants(UDI).

À l’agenda de la commission des Affaires étrangères figure une proposition de résolution du groupe centriste sur la création d’une commission d’enquête « chargée d’évaluer les relations politiques, économiques et diplomatiques entre la France et l’Azerbaïdjan ».

L’Union des démocrates et indépendants (UDI) a le droit, comme chaque groupe politique, de solliciter une commission d’enquête par session. Ces demandes sont généralement déclarées « recevables », sans débat sur le fond.

Mais, cette fois, la réunion de la commission des Affaires étrangères ne devrait pas être une simple formalité.

Relations bilatérales menacées

À peine l’UDI avait-elle annoncé son intention que tous ses députés recevaient le même courrier de l’ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, Elchin Amirbayov.

« Une adoption de cette résolution aurait de graves conséquences sur les relations bilatérales entre nos deux pays et bien au-delà des intérêts économiques et commerciaux », prévenait-il dans ce courrier daté du 6 juin, dont l’AFP a eu copie.

Le sujet est diplomatiquement sensible, la France étant coprésidente du groupe de Minsk (avec les États-Unis et la Russie), qui cherche à résoudre le conflit du Nagorny-Karabakh, région séparatiste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne.

« L’Azerbaïdjan sera obligé de reconsidérer sa position quant à la pertinence de la neutralité de l’État français, ce qui fait risquer à votre groupe parlementaire d’être à l’origine d’une crise diplomatique », affirmait l’ambassadeur.

Pourquoi l’UDI s’intéresse-t-elle à l’Azerbaïdjan, « pays du Caucase avec lequel la France a développé les relations économiques les plus importantes », selon le Quai d’Orsay, qui parle sur son site de « relations bilatérales excellentes », illustrées notamment par deux voyages de François Hollande en 2014 et 2015 ?

À l’origine de la résolution centriste, François Rochebloine invoque cette intensification d’échanges (dont du mécénat culturel de la fondation Heydar Aliev de l’épouse du Président) avec ce pays riche en hydrocarbures.

À la tête de ces élus, le député républicain Jean-François Mancel préside « l’Association des amis de l’Azerbaïdjan », financée par la fondation Heydar Aliev.

Interrogé par l’AFP, Jean-François Mancel « assume totalement » ses liens avec le régime. Le député de l’Oise, qui en relativise le caractère autoritaire et vante sa « tolérance religieuse », a ainsi emmené récemment quatre députés et deux sénateurs républicains« fans de sports mécaniques » au Grand Prix de Formule 1 le 19 juin à Bakou.

Il raconte que la délégation a rencontré le président Heydar Aliev et l’a assuré, comme rapporté par l’agence d’information d’État de l’Azerbaïdjan, de sa « mobilisation à l’Assemblée nationale pour empêcher les initiatives négatives contre l’Azerbaïdjan ».

Jean-François Mancel accuse François Rochebloine de vouloir « régler ses comptes » après avoir été mis en examen pour avoir qualifié l’Azerbaïdjan « d’État terroriste ». « Moi, je ne demande pas de commission d’enquête sur le chantage électoral des Franco-Arméniens sur l’UDI », grince-t-il.

« Procès en sorcellerie », rétorque le président du groupe UDI, Philippe Vigier, balayant aussi de « faux arguments » sur cette ingérence inédite du Parlement dans des relations bilatérales.

Ce sera à Elisabeth Guigou (PS), comme présidente de la commission des Affaires étrangères, de présenter mercredi la recevabilité formelle de la demande UDI.

Elisabeth Guigou, qui n’a pas répondu à l’AFP, a plaidé en vain auprès de l’UDI pour une simple « mission d’information », qui serait symboliquement moins forte et n’obligerait pas des diplomates français à venir témoigner sous serment, alors qu’il est peu probable que des Azéris s’y présentent de leur côté.

par Said Musayev

Tags:  


Fil d'info