1. La «Rust Belt» vire républicain
Michael Moore constate un changement de camp politique dans la «Rust Belt» (ceinture de rouille), soit les quatre Etats du nord-est des USA (Michigan, Ohio, Pennsylvanie et Wisconsin) - où se concentre l`industrie lourde. Ces Etats, pourtant traditionnellement démocrates, ont en effet élu depuis 2010 des gouverneurs républicains (sauf la Pennsylvannie). Selon le réalisateur, l`accord de libre-échange nord-américain, mis en place par Bill Clinton en 2004, a fait beaucoup de dégâts dans la région et a contribué à la délocalisation de nombreuses usines. Trump ne va donc pas se gêner à assommer Clinton avec cet argument, prédit-il. Le cinéaste rappelle en outre que le milliardaire a promis de taxer les voitures construites au Mexique si Ford délocalisait là-bas sa production, «une douce musique pour la classe ouvrière». Enfin, Moore souligne qu`en 2012, il a manqué 64 voix au Républicain Mitt Romney pour gagner l`élection face à Obama. Avec celles de la Rust Belt, la question est réglée.
2. Le dernier combat de «l`homme blanc en colère»
Pour Michael Moore, l`homme blanc américain se sent en danger. «La domination des mâles qui s`exerce depuis 240 ans aux Etats-Unis touche à sa fin», écrit-il. Et une femme tente maintenant de prendre le pouvoir! Inimaginable donc pour bien des électeurs. «Après avoir subi les directives d`un noir pendant 8 ans, comment pourraient-ils maintenant supporter l`idée d`obéir à une femme pendant 8 nouvelles années?», ironise le réalisateur. Qui rappelle que les mâles ont ignoré bien des signes de cette «féminisation» jusqu`ici. A l`image du «concert de Beyoncé à la mi-temps du Super Bowl avec son armée de femmes noires au doigt d`honneur levé.» Tout ceci doit cesser, pour beaucoup, souligne Moore.
3. Le problème Hillary
«Ne nous voilons pas la face. Le principal problème n`est pas Trump mais plutôt Hillary», écrit Michael Moore qui a promis ne jamais voter pour la candidate démocrate puisqu`elle était partisane de la guerre en Irak. «Elle est très impopulaire», rappelle-t-il. «Près de 70% des électeurs la considèrent comme non fiable et malhonnête, représentant cette vieille classe politique opportuniste. Ses pires détracteurs sont les jeunes femmes qui ne connaissent pas son combat pour arriver là où elle est», explique-t-il. «L`enthousiasme n`est simplement pas là», note-t-il. Et comme l`élection se joue sur la séduction et la capacité à faire sortir les électeurs de chez eux, les carottes sont cuites, selon Moore qui votera quand même pour elle, afin de contrer la menace du «psychopathe» Trump «qui n`hésitera pas à presser le bouton» en cas de guerre.
4. La dépression des partisans de Sanders
Tous les partisans de Bernie Sanders vont probablement voter pour Clinton, note Michal Moore. Le problème est davantage le «depressed vote», soit le fait que celui qui vote à contrecoeur ne va pas se battre pour faire campagne et motiver les indécis. Sans compter que pour les jeunes, «voir Hillary Clinton au pouvoir ce serait un peu un retour à l`ère Clinton/Bush, un temps où il fallait payer pour avoir de la musique». Pour le cinéaste, ils ne voteront pas Trump. Mais il y a fort à parier qu`ils resteront à la maison le jour de l`élection.
5. L`effet Jesse Ventura
Jesse Ventura, c`est un ancien catcheur devenu gouverneur du Minnesota dans les années 90 à la surprise générale. Un homme qui a été élu non pas pour ses capacités politiques et intellectuelles; mais juste parce que les Américains pouvaient le faire, rappelle Michael Moore. Ce cas de figure pourrait se répéter avec Trump, selon lui, car les électeurs veulent en finir avec le système politique et qu`ils pourraient être curieux de voir ce que cela donnerait si le milliardaire est élu. «L`isoloir, c`est un des derniers endroits où il n`y a pas de caméras», souligne en conclusion le cinéaste.
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