La passionnante nouvelle mission de la Nasa

  21 Août 2016    Lu: 1002
La passionnante nouvelle mission de la Nasa
Il y a une décennie, c`est devant son garage, avec un gobelet en plastique, qu`un ingénieur américain menait les premières expériences à l`origine d`une invention embarquée sur un vaisseau spatial prêt à collecter des poussières d`astéroïdes, susceptibles de nous éclairer sur les origines de la vie.
Le résultat de ce bricolage a pris forme au sein d`une mission de 800 millions de dollars de la Nasa, baptisée OSIRIS-REx, et qui lancera le mois prochain son vaisseau vers l`astéroïde Bennu, dans le but de récolter des poussières vieilles de 4,5 milliards d`années pour tenter d`expliquer comment les substances essentielles à la vie, comme le carbone et la glace, sont arrivées jusqu`à la Terre. "En l`espace de dix ans, du chemin a été parcouru depuis un gobelet en plastique devant un garage jusqu`à ce que vous voyez maintenant", remarque Rich Kuhns, gestionnaire de programme pour le groupe aérospatial Lockheed Martin à Denver.

Le vaisseau spatial non habité, qui partira le 8 septembre, pèse en effet un peu plus de deux tonnes et a la taille d`une grosse voiture. Il sera lancé avec une fusée Atlas V depuis la base de Cape Canaveral en Floride pour une mission de plusieurs années, avec un retour sur Terre prévu en 2023. Le principal défi de l`appareil, qui rentrera brièvement en contact avec l`astéroïde sans toutefois s`y poser, est d`attraper les poussières dans un environnement où l`absence d`atmosphère de gravité rend la tâche difficile.



C`est avec cette problématique en tête que Jim Harris, ingénieur chez Lockheed Martin, avait entamé ses expériences pour conceptualiser le "Muucav", soit le mot aspirateur en anglais lu à l`envers. Lors de ses premiers essais, il utilisa un gobelet en plastique percé de trous à des endroits stratégiques. Tournant le rebord en direction du sol, il actionnait ensuite un compresseur d`air pour propulser de la poussière à travers le gobelet et étudier sa dispersion. De "Muucav", l`outil est ensuite devenu le TAGSAM (Touch and Go Sample Acquisition Mechanism) qui doit ramener des particules d`astéroïdes similaires à celles de la mission japonaise Hayabusa.

Pendant l`approche, la sonde descendra "lentement vers la surface de l`astéroïde Bennu. Après le contact initial, le TAGSAM sera en contact avec Bennu pendant plusieurs secondes alors que la sonde rebondit. C`est pendant ce bref intervalle de temps que le TAGSAM utilise de l`azote comprimé pour fluidifier la poussière et la propulser à travers le filtre du TAGSAM. Une bonne analogie pourrait être faire la bise à l`astéroïde", a décrit à l`AFP Christian d`Aubigny, un expert français participant au projet.

Le vaisseau de la Nasa est lui programmé pour ramener au moins 60 grammes de poussières, mais des tests ont montré qu`il ramassait en moyenne 300 grammes. Le collecte de l`échantillon n`aura toutefois pas lieu avant juillet 2020, afin de prendre le temps d`identifier le meilleur endroit pour mener à bien la mission. Les Américains entendent éviter les écueils du programme nippon, victime d`une collision avec l`astéroïde ciblé, mais qui était malgré tout parvenu à ramener un peu moins d`un milligramme de la précieuse poussière d`Itokawa en 2010.

"Nous allons approcher Bennu, le cartographier, l`orbiter, l`étudier et choisir l`endroit le plus sûr et le plus intéressant sur le plan scientifique pour prélever un échantillon, avant de se lancer", détaille Gordon Johnston, un cadre d`OSIRIS-REx. "Les trois quarts de l`échantillon seront mis de côté pour de futurs chercheurs --pour répondre à des questions scientifiques que nous ne nous sommes même pas encore posées", a-t-il ajouté. La Nasa a également promis 4% de l`échantillon au Canada, son principal partenaire dans cette mission et 0,5% au Japon.

Bien qu`Hayabusa ait prouvée la faisabilité de ce type de mission, la Nasa a basé une part importante du développement d`OSIRIS-REx sur sa propre mission Stardust démarrée en 1999 pour prélever un échantillon dans la queue d`une comète. "Stardust nous a beaucoup appris sur les comètes", relève Dante Lauretta, chercheur principal d`OSIRIS-REx et professeur à l`université de l`Arizona à Tucson. Mais "OSIRIS-REx va rapporter des échantillons qui sont plus proches de chez nous", insiste-t-il. "Nous recherchons des échantillons qui remontent à l`aube de notre système solaire". "Nous parlons des prémices de la formation de notre système solaire", renchérit Christina Richey, adjointe du programme scientifique d`OSIRIS-REx. Et "peut-être des ancêtres de la vie sur Terre ou ailleurs".

Bennu a été choisi parmi 500.000 astéroïdes connus pour ses mensurations idéales -- un peu moins de 500 mètres de diamètre -- et car il recèle de poussières riches en carbone vieilles de milliards d`années, explique la scientifique.

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