Une partie de la classe politique invoque les "démons" de l`antisémitisme. Le gouvernement a suspendu partiellement le dialogue diplomatique avec l`UE.
La fondation Lev Haolam, elle, n`a pas attendu que la Commission européenne donne pour directive mercredi de faire figurer "colonie israélienne" comme indication de provenance sur les fruits et légumes, le vin, l`huile d`olive ou les cosmétiques produits dans les implantations israéliennes dans les Territoires occupés depuis 1967.
Lev Haolam se propose de soutenir les compagnies israéliennes dans les colonies de Cisjordanie en envoyant leurs produits à ses adhérents.
Pour le reste du monde, les colonies de Cisjordanie ont été construites sur des terres qui feront partie d`un futur Etat palestinien. La communauté internationale voit les colonies comme un obstacle majeur à la création de cet Etat et à la fin du conflit entre Israéliens et Palestiniens.
Pour les colons de droite comme le fondateur de Lev Haolam, Nati Rom, au contraire, toute la Cisjordanie fait partie d`Israël, même les villes palestiniennes.
Lev Haolam s`est constitué un réseau d`un millier d`adhérents européens qui font le choix délibéré de s’approvisionner dans les colonies.
Une "démocratie normale"
La plupart sont motivés par leurs convictions religieuses, juives ou chrétiennes, dit Nati Rom. Mais certains font exception, comme Andreas Boldt, qui se dit athée.
Andreas Boldt, qui vit dans la campagne allemande, reçoit chaque mois un carton d`environ 100 dollars, en vin, en chocolat ou en bijoux envoyés par des commerces juifs dans les colonies. "J`achète ces produits pour renforcer les communautés là-bas", dit ce mécanicien, joint par téléphone.
Il explique avoir visité Israël avec des amis en 2009 et être "rapidement arrivé à la conclusion qu`Israël est la démocratie normale", explique-t-il.
"Nous avons déjà 21 Etats arabes. A-t-on vraiment besoin d`un Etat supplémentaire ? Ils n`auront pas l`égalité des droits pour les femmes, par exemple", affirme-t-il.
Arjanne Kloos, élevée dans la religion chrétienne aux Pays-Bas, a quant à elle commencé par acheter les produits des colonies et est maintenant responsable de la filiale locale, qui compte plus de 100 membres.
"C`est un peuple qui a subi tant de choses, particulièrement en Europe. Et nous voyons comment l`antisémitisme progresse à nouveau", dit-il.
Chez lui, dans la colonie sauvage de Esh Kodesh, au bout d`une allée protégée par des soldats israéliens, Nati Rom fait faire le tour du propriétaire à un groupe de 20 membres de la fondation, des chrétiens des Pays-Bas.
Alors qu`ils descendent des collines pour visiter une usine de savon naturel, soutenue par leurs achats, ils passent devant le village de Douma, où une maison palestinienne a été incendiée en juillet par des extrémistes juifs, provoquant la mort d`un bébé de 18 mois et de ses parents.
"Fait maison en Samarie"
Les offficiels israéliens avancent qu`une partie des quelque 26.000 Palestiniens qui travaillent dans les colonies de Cisjordanie et y gagnent souvent bien mieux leur vie seront les premiers à pâtir de l`étiquetage.
Trois employés palestiniens de la zone industrielle de Barkan, près de la colonie d`Ariel, rient à cette idée.
"Du temps de mon grand-père, il n`y avait pas de colonies israéliennes mais ils survivaient quand même", plaisante l`un d`eux sous couvert de l`anonymat pour ne pas s`exposer.
Le gouvernement israélien s`alarme moins de l`impact économique que du message envoyé par l`étiquetage. Il craint que l`étiquetage n`encourage ceux qui promeuvent la campagne mondiale de boycott contre Israël. Il s`inquiète aussi que cette mesure n`en annonce d`autres, potentiellement bien plus douloureuses, de la part d`Européens dont beaucoup sont exaspérés par l`enlisement de l`effort de paix et la poursuite de la colonisation.
Un vigneron du Golan, autre territoire occupé (et annexé), a annoncé il y a quelques semaines qu`il imprimerait "fièrement" le drapeau israélien avec l`étoile de David sur le bouchon de ses bouteilles exportées vers l`Europe.
Un député israélien, Michael Oren, s`est permis récemment une visite dans une épicerie pour poser des autocollants "Made in Europe" sur des produits européens. Le Parlement a approuvé mercredi en première lecture un texte interdisant l`entrée d`Israël à quiconque soutient le boycott.
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