Mais derrière cette réussite audiovisuelle -- sur laquelle rien ne doit filtrer, Adventure Line Productions veillant jalousement sur ses secrets de fabrication -- se cache un monument fragile. Le fort Boyard, rêvé par Louis XIV et construit sur ordre de Napoléon entre 1803 et 1857, aurait bien pu disparaître sans l'idée saugrenue de l'aménager en plateau de télévision. Le partenariat, noué dès 1988 entre le département et les promoteurs du jeu, a permis de le sauver des eaux.
La face nord en danger
Chaque année, la collectivité perçoit en effet une partie des droits de diffusion, une manne de plusieurs millions. Le département bénéficie aussi d'une campagne de publicité à peu de frais dans le monde entier. Locataire des lieux, la société de production, elle, vend depuis des années un concept clé en main jusqu'en Asie et en Amérique latine. En échange de cet accord gagnant-gagnant, le département investit pour maintenir ce vaisseau de pierre à flot. Jusqu'à 400 000 € par an pour l'entretien. Deux millions d'euros pour une plate-forme d'accès inaugurée en 2015, un héliport à venir... Et les chantiers ne manquent pas. Des «fissuromètres» ont été installés sur les murs du fort.
«L'ouvrage craint les grands vents et les grandes vagues, détaille Patrice Acquier, technicien du département et responsable de ce patrimoine. En cas de tempête, dans la bâtisse, on ne s'entend pas parler. Le fort vibre à chaque vague.» Tant et si bien que la face nord de l'édifice, qui n'est plus protégée par un éperon rocheux, court un grave danger. Les murs intérieurs de l'enceinte se décollent et se décalent sous les coups de boutoir de l'océan. «Sans brise-lames, le fort est condamné à terme. Il va falloir réfléchir à de nouveaux financements», résume Eric Buron, directeur de production. Un défi à la taille du fort Boyard.
Le Parisien
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