Faut-il ou non parler des suicides dans les médias?

  05 Juin 2017    Lu: 1130
Faut-il ou non parler des suicides dans les médias?
La question refait surface, à l'heure où se multiplient les suicides d'enfants et d'adolescents.
Ces derniers mois, nous avons vu le nombre de suicides en direct sur les réseaux sociaux, tels que Facebook ou Periscope, croître de manière considérable et inquiétante; des adolescents et même des jeunes enfants, parfois à peine âgés de 8 ou 9 ans, décident de brutalement mettre fin à leurs jours en filmant leur acte désespéré.

On ne peut dès lors s'empêcher de se demander si la médiatisation de ces morts tragiques, parfois racontées dans les moindres détails horrifiants, n'engendrerait pas un certain effet de "contagion"; aussi le sujet épineux du suicide dans les médias refait-il inévitablement surface.
L'impact des médias sur le taux de suicides
Le premier à s'être posé la question du lien entre les médias et le taux de suicides est le sociologue américain David Philipps. En étudiant le cas de nombreux suicides entre 1947 et 1968 - ayant tous eu lieu en Angleterre ou aux Etats-Unis -, Philipps a démontré qu'il existait bel et bien une certaine corrélation entre un suicide ultra médiatisé et une hausse du taux de suicides dans les mois qui suivent.

Ce phénomène, Philipps l'a répertorié sous le nom de "l'Effet Werther" en 1974 - en référence à l'ouvrage de Johann Wolfgang von Goethe, "Les Souffrances du jeune Werther" (1774), qui a conduit malgré lui de nombreux lecteurs à reproduire le comportement du héros du roman, parfois même jusqu'à son suicide par balle.

Selon plusieurs études, parmi lesquelles "Suicide and suggestibility - the role of the press" (1967) de Jerome A. Motto ou encore "Copycat effect after celebrity suicides: results from the French national death register" (2010) de Raphaëlle Queinec et cie, cet "effet Werther" expliquerait donc pourquoi le suicide de certaines stars telles que Kurt Cobain ou encore Dalida ait eu des répercussions importantes.

Extrêmement médiatisés, ces deux suicides auraient effectivement provoqué une hausse considérable du taux de suicides, de 11,7% pour le premier à 23% pour le second.

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