"Je pense vraiment que Google et les éditeurs de presse ont un intérêt commun", a déclaré Philipp Schindler, un des dirigeants du groupe lors d'une conférence téléphonique.
"Nous voulons aider les éditeurs à trouver de nouveaux lecteurs et à les transformer en clients qui payent", a poursuivi M. Schindler, insistant sur le fait que le "nouveau modèle" proposé est le fruit de longues discussions et de tests avec des organismes de presse, comme le New York Times ou le Financial Times.
La presse traditionnelle fait face à des problèmes financiers, qu'elle impute en partie au fait que les articles sont trop souvent accessibles gratuitement sur internet, notamment via des moteurs de recherche ou sur les réseaux sociaux.
Elle perd aussi des revenus publicitaires, largement captés par internet, surtout par Google et Facebook.
Pour tenter d'apaiser ces relations, Google va permettre aux groupes de presse de choisir le nombre d'articles en accès gratuit, un "échantillonnage flexible", qui va remplacer lundi le système actuel.
Ce système mis en place il y a plus de dix ans exigeait des éditeurs un minimum de trois articles gratuits par jour pour être référencés par Google.
"Le marché de l'information a radicalement changé" et "ce sont les éditeurs qui sont le mieux à même de décider ce qui leur convient", a encore dit Richard Gingras.
A partir de lundi, les éditeurs pourront donc choisir de ne laisser accéder l'internaute à aucun contenu gratuit s'ils le souhaitent, explique encore Google, qui conseille néanmoins à la presse de commencer avec 10 articles gratuits par mois pour attirer les lecteurs.
Les responsables du groupe ont assuré que les résultats de recherche ne favoriseraient pas les contenus gratuits plutôt que payants.
Google va aussi progressivement faciliter le paiement de l'abonnement, idéalement "en un seul clic", grâce aux comptes Google ou Android, son système d'exploitation mobile.
- Intelligence artificielle -
Google va également partager avec les éditeurs les informations qu'il détient sur les lecteurs (mail, nom, adresse...) pour leur permettre de les contacter directement.
A plus long terme, le groupe californien envisage de faire profiter la presse de ses technologies d'apprentissage des machines - une des facettes de l'intelligence artificielle - pour l'aider à reconnaître les "abonnés potentiels et présenter la bonne offre au bon public au bon moment".
Ces possibilités seront offertes à tous les éditeurs de presse dans le monde, a précisé Richard Gingras.
"Il est tout à fait clair que la publicité ne peut plus à elle seule rémunérer la fabrication et la distribution de journalisme de qualité alors même que le besoin d'un journalisme durable et indépendant n'a jamais été aussi important. (...) Le contenu payant ou les abonnements sont donc (...) une composante essentielle du revenu d'un éditeur", a réagi Jon Slade, responsable commercial du Financial Times, cité dans le blog de Google.
En juillet, près de 2.000 organismes de presse américains, rassemblés dans l'Alliance des médias d'informations (News Media Alliance) ont publié une lettre ouverte au Congrès pour lui demander un aménagement de la loi antitrust, qui prohibe, en l'état, toute forme d'entente entre plusieurs entreprises d'un même secteur. Mais le Congrès ne s'est jusqu'ici pas saisi de ce dossier.
Ils estiment qu'ils pâtissent d'un rapport de force déséquilibré face à Google et Facebook. "Du fait de ce duopole numérique", regrette l'organisation professionnelle, "les éditeurs sont contraints de livrer leurs contenus et de respecter les règles (établies par le +duopole+, NDLR) relatives à la manière dont l'information est publiée, hiérarchisée et monétisée".
Au niveau européen, l'idée d'un nouveau droit, comparable au droit d'auteur, permettant aux éditeurs de presse de se faire rémunérer, avance lentement à Bruxelles malgré de nombreux détracteurs.
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