Le Kazakhstan, pays d’une importance stratégique en Eurasie, adopte l’alphabet latin

  05 Octobre 2017    Lu: 957
Le Kazakhstan, pays d’une importance stratégique en Eurasie, adopte l’alphabet latin
Etude de Cemil Dogac Ipek, Docteur en Relations internationales à l’université Ataturk

Le Kazakhstan, pays d’une importance stratégique en Eurasie, adopte l’alphabet latin.

Les travaux concernant la transition à l’alphabet latin sont en cours au Kazakhstan. L’Eurasie et le monde turcophone attendent impatiemment de voir ce à quoi ressemblera l’alphabet qui sera créé dans cette phase. Je ne suis pas un linguiste mais je peux dire que l’alphabet est extrêmement important dans les relations internationales. En effet, l’alphabet joue un rôle important dans l’identité d’une société. Au fond, plusieurs alphabets peuvent être utilisés pour écrire les langues turques. Sur le plan technique, il est important que l’alphabet puisse refléter les sons de la langue.

Le chef d’Etat kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, a exprimé dans les termes les plus claires la transition à l’alphabet latin dans le document stratégique 2050 publié en 2012. Il a montré comme objectif l’année 2025 pour la transition. La transition à l’alphabet latin dans le domaine éducatif commencera à partir de 2018, ce processus devrait s’achever en 2025. Sur le plan économique, un budget de 600 millions de tenge (environ 1.8 million de dollars) a été réservé pour le changement de l’alphabet.

L’utilisation de l’alphabet latin pour les langues turques n’est pas une nouveauté. Le Codex Cumanicus a été rédigé avec l’alphabet latin dans un dialecte turc kipchak au début du 14e siècle. La République de Turquie a adopté un alphabet latin adapté en 1928. Après la dissolution de l’Union soviétique, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ont fait de même en 1991, puis l’Ouzbékistan en 2001.

Dans l’histoire contemporaine, le processus de transition à l’alphabet latin réalisé rapidement dans le monde turcophone par une décision du Congrès de Bakou en 1926, est une période de transition dans laquelle l’union linguistique et alphabétique a été partiellement réalisée dans le monde turcophone. La Turquie a modifié son alphabet en 1928 par crainte d’être exclue de ce processus. Quelques temps après l’officialisation de l’alphabet latin comme étant l’alphabet commun de tous les peuples turcs, des voix de discorde ont commencé à s’élever au sein de l’URSS. Le comité exécutif central de l’URSS a déclaré en juin 1935 que l’adoption de l’alphabet latin était une grande erreur et déclaré que le comité du nouvel alphabet en était le responsable. Cela a été le début de la fin de la période de l’union de l’alphabet latin du monde turcophone qui s’est très rapidement répandu. L’application de 18 différents alphabets cyrilliques basés sur l’orthographe phonétique pour chaque communauté turcophone mise en vigueur durant les années de guerre, ont apporté la fin de cette période de transition. Au Kazakhstan, la proposition de l’alphabet élaborée par des linguistes a été présentée au Parlement. L’alphabet kazakh composé de 42 lettres a été réduit à 25 lettres dans ce texte. L’utilisation de deux lettres côtes à côtes a été choisie pour huit sons de la langue kazakhe. Selon Turgay Dugen, chercheur à l’université Omer Halisdemir, c’est une méthode efficace pour réduire le nombre de lettres de l’alphabet mais peut compliquer la lecture et l’écriture de la langue kazakhe. Le principe d’une lettre un son et de l’approche aux autres peuples turcophones est important dans la préparation d’un alphabet. Pour les sons kazakhs, qui sont les mêmes que les sons turcs et azerbaïdjanais, les mêmes lettres ont été utilisées.

Ce processus a évidemment un aspect politique. La Russie est très concernée par les régions russophones. La Russie ne voudra naturellement pas que le Kazakhstan abandonne l’alphabet cyrillique. Il est possible qu’elle entreprenne des initiatives pour l’en empêcher. J’espère que la Russie sera compréhensive face au libre choix du peuple kazakh.

Le choix de l’alphabet est en quelques sortes un choix politique pour le Kazakhstan. Le Kazakhstan sera-t-il toujours évoqué avec l’Union soviétique ? Ou agira-t-il avec le monde turcophone dont il fait partie et la communauté occidentale ? La Turquie, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ont adopté divers alphabets latins. Le Kirghizstan compte faire de même. Alors que les autres régions du monde turcophone adoptent l’alphabet latin, il est impensable que le Kazakhstan diffère de la grande majorité du monde turcophone.

La transition du Kazakhstan à l’alphabet latin est un tournant historique dans le développement spirituel et culturel d’un pays. Avec son passé historique, sa culture et son territoire, la langue a toujours été le principe unificateur principal d’une nation/d’un Etat. Nous constatons de ce point de vue, que le président Nazarbaïev a fortement contribué au développement de la langue kazakhe depuis le premier jour de la proclamation de l’indépendance du pays.

Le changement de l’alphabet kazakh le rapprochera de la civilisation occidentale. D’autre part, ce changement aura un impact positif sur les relations scientifiques et culturelles du Kazakhstan avec les autres pays turcophones qui sont déjà passées à l’alphabet latin. La transition du Kazakhstan à l’alphabet latin sous l’égide du sage du monde turcophone, le leader Noursoultan Nazarbaïev, peut être évalué comme un objectif de consolider la place du Kazakhstan parmi les pays développés du monde et comme une initiative entreprise dans le sens de l’objectif de l’unité culturelle du monde turcophone.


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