D'après un porte-parole de la police d'Islamabad, le policier est mort après avoir été atteint par une pierre à la tête. Au moins 43 personnes, dont 30 membres des forces de sécurité, ont par ailleurs été blessées et conduites à l'Institut des sciences médiales du Pakistan, le principal hôpital d'Islamabad, selon l'un des porte-parole de l'établissement.
Quelque 8.500 policiers et paramilitaires ont été déployés pour participer à l'opération, déclenchée tôt dans la matinée, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.
Des policiers en tenue anti-émeute ont tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc en direction des quelque 2.000 manifestants, qui ont répliqué sporadiquement avec des pierres et autres projectiles, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Plusieurs personnes ont été arrêtées. Les chaînes de télévision pakistanaises ont diffusé des images d'un camion de police et de tentes utilisées par les manifestants en feu.
Les protestataires occupent depuis le 6 novembre un pont routier à la limite entre Islamabad et la ville voisine de Rawalpindi, paralysant l'intense trafic entre les deux villes, aux dépens de leurs habitants contraints de subir des heures d'embouteillages.
Les manifestants, qui appartiennent à un groupe religieux peu connu, le Tehreek-i-Labaik Yah Rasool Allah Pakistan (TLYRAP), exigent depuis des semaines la démission du ministre de la Justice à la suite d'une polémique au sujet d'un amendement, finalement abandonné, qu'ils lient à la très controversée loi sur le blasphème.
Ils empêchent, parfois violemment, des dizaines de milliers de Pakistanais de se rendre chaque jour dans la capitale, où beaucoup travaillent. Les temps de trajets se comptent depuis en heures. Un enfant de huit ans est mort faute d'avoir pu être transporté à temps à l'hôpital.
D'après des médias pakistanais, des rassemblement de soutien aux manifestants ont également fait leur apparition samedi dans d'autres villes du pays, notamment Karachi et Lahore, les deux plus peuplées.
La justice pakistanaise a déjà exigé à plusieurs reprises du gouvernement qu'il procède à l'évacuation des manifestants. Celui-ci ne s'est pourtant pas exécuté, s'enlisant dans des négociations infructueuses, par crainte que cette mesure ne lui coûte trop cher politiquement, à moins d'un an d'élections législatives.
La justice a annoncé vendredi qu'elle convoquerait lundi le ministre de l'Intérieur, Ahsan Iqbal, pour qu'il s'explique sur l'inaction du gouvernement.
Les analystes relèvent aussi que la réponse du gouvernement a été maladroite et "molle", ce qui pourrait créer un dangereux précédent aux yeux d'autres groupes contestataires désireux d'en découdre avec les autorités.
Un haut responsable de la police d'Islamabad prenant part à l'organisation de l'opération a assuré à l'AFP que celle-ci avait été conçue pour éviter de faire des victimes.
Tags: