Échappant à toute régulation, les "Initial Coin Offerings" --terme calqué sur celui d'IPO désignant les introductions en Bourse-- concurrencent désormais les moyens de financement traditionnels des start-up. Ce procédé "démocratisera l'investissement", explique Nil Besombes, blogueur français spécialiste des cryptomonnaies, et a déjà permis en 2017 à 228 projets de lever quelque 3,6 milliards de dollars, selon la plateforme Coinschedule.
Avant leur grand décollage, en 2016, les ICO n'avaient représenté qu'une enveloppe de 96 millions de dollars. Depuis juin, les ICO dépassent même en montant le volume mondial de capital-risque, ces fonds que les jeunes entreprises décrochent après avoir fait la tournée, argumentaire en main, des investisseurs professionnels. Dans ce Far West du financement, pas besoin d'épais formulaire, de banque-conseil ou de feu vert des autorités: il suffit de présenter son projet sur son site internet, en précisant le prix du "jeton" que l'on s'apprête à émettre et les droits qu'il ouvre.
"Comme au casino"
Cet actif numérique s'acquiert et s'échange contre des cryptomonnaies, généralement les plus connues comme l'éther ou le bitcoin. Elles mêmes sont disponibles sur des plateformes spécialisées, en contrepartie de sommes bien réelles. Mais dans les faits, la valeur des jetons émis s'avère encore plus instable que lors d'une entrée en Bourse classique: "C'est comme le casino, (...) le cours d'un jeton peut s'effondrer dans la journée, il faut être extrêmement réactif et pouvoir s'en occuper dans l'heure", souligne Nil Besombes.
"Beaucoup d'ICO voient leur cours descendre de 80% ou 90% mais peuvent remonter fortement quand le projet commence à livrer ses premiers contenus", nuance auprès de l'AFP Tristan Colombet, patron de la start-up française Domraider, qui y a lui-même eu recours. Le "jeton" émis par cette entreprise d'enchères a perdu depuis octobre les deux tiers de sa valeur et les acheteurs protestent. Domraider table lui sur une remontée des cours "début 2018", quand son système sera réellement commercialisé.
Si certains projets peinent à démarrer, d'autres apparaissent douteux dès le départ, témoigne Nil Besombes, qui a récemment investi "l'équivalent de 1.800 euros" dans une offre dotée "d'un très joli site", sur lequel "les fondateurs posaient en photo dans des salons professionnels".
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