Jibo, Aibo, ElliQ, Buddy, CLOi: fixes ou mobiles, ces "robots" parlants bourrés d'intelligence artificielle, parfois au look de dessin animé, sont très nombreux dans les allées du CES de Las Vegas, le salon de l'électronique grand-public, où ils créent immanquablement l'attraction.
Pour l'essentiel, ils font la même chose que les enceintes connectées à commande vocale, comme l'Echo d'Amazon ou le Home de Google: activés à la voix, ils peuvent commander le repas du soir, surveiller la maison, contrôler tous les différents appareils connectés du foyer, de la porte d'entrée à la machine à café...
Mais, sur ce marché hyper concurrentiel des assistants virtuels, ces petites créatures ont quelques chose en plus. Elles miment les émotions avec des lumières, des mouvements, des "yeux", des sons, à la manière d'Eve dans le dessin animé Wall-E. Ce qui est censé les rendre sympathiques et attachants.
Créer un lien émotionnel avec l'utilisateur
"Ces robots visent à créer un lien émotionnel avec l'utilisateur (...), les entreprises pensent que le fait de les animer et de leur donner des expressions peut conduire à un lien plus fort qu'avec, disons, une enceinte connectée", résume J.P. Gownder, analyste du cabinet Forrester.
Le petit robot blanc mobile Buddy ("copain" en anglais), du français Blue Frog, dispose d'un écran avec une bouche et des yeux en guise de "visage", qui expriment, selon les circonstances, la joie ou la tristesse. L'écran peut aussi servir de plateforme de jeux éducatifs, comme une tablette.
Destiné à être le robot de la famille, voire un animal de compagnie d'un nouveau genre, il est sensible aux caresses, grâce à des capteurs, et comme ses congénères, l'intelligence artificielle lui permet de s'adapter à ses propriétaires et de devenir "personnalisé", l'une des grandes tendances de l'électronique actuelle.
"On travaille très dur pour avoir un robot avec des émotions (...). Il peut demander une caresse ou se fâcher si on lui met le doigt dans l'oeil", explique Jean-Michel Mourier, directeur technique de la jeune pousse. "C'est un robot avec de l'empathie", insiste la responsable marketing Maud Verraes.
ElliQ, de la startup israélienne Intuition Robotics, avec sa partie supérieure articulée, peut "engager la conversation" spontanément avec son propriétaire, selon le patron de l'entreprise Dor Skuler, grâce à sa caméra qui filme en permanence (sans enregistrer).
Les personnes âgées, qui se sentent souvent seules, --marché visé par ElliQ-- "peuvent avoir l'impression de partager un moment avec, sinon quelqu'un, du moins quelque chose", assure le chef d'entreprise, tandis qu'ElliQ décrit oralement une photo apparaissant sur un écran.
Les robots compagnons, "cela peut sembler un peu effrayant mais (...) si vous n'avez pas d'amis, un ami robot, ça peut être pas mal", pense l'analyste Patrick Moorhead, du cabinet Moor, Insights and Strategy.
Des robots pour vous aider à faire la lessive
Reste à savoir si les consommateurs trouveront ces usages assez utiles pour dépenser des centaines d'euros: Jibo coûte 900 dollars hors taxes, soit au moins 750 euros, Buddy 1.300 euros. Aibo, le robot-chien de Sony, est vendu environ 1.700 dollars (1.400 euros). A titre de comparaison, le modèle le plus courant d'enceinte connectée Echo (Amazon) coûte environ 100 dollars (environ 84 euros).
"La frontière entre un robot 'expressif' et un 'jouet' est difficile à définir", estime l'analyste J.P. Gownder. D'où le besoin de choisir certains positionnements marketing selon les marques, pour tenter d'attirer les consommateurs. Personnes âgées pour ElliQ, la famille pour Buddy ou Jibo...
Le groupe sud-coréen LG, également fabricant d'électroménager, a mis, lui, l'accent sur les fonctions domestiques. Programmer la machine à laver, vérifier ce qui manque dans le réfrigérateur, des tâches que les utilisateurs seraient certainement ravis de laisser à des robots intelligents.
Démonstration manquée en ce qui concerne LG: son robot aux yeux expressifs, CHLOi, a cessé de répondre aux questions de son interlocuteur, qui lui demandait lundi lors d'une démonstration devant journalistes et analystes, si sa lessive était prête.
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