Le réchauffement climatique féminise la population de tortues

  23 Janvier 2018    Lu: 1615
Le réchauffement climatique féminise la population de tortues

S'agissait-il d'un lapsus ? Selon plusieurs articles diffusés principalement sur le Net, Francisco Rillo, formateur à la Convention sur les espèces migratrices (CMS) se serait inquiété, en septembre 2017 à Panama, que le réchauffement climatique, qui s'accompagne d'un sable de plus en plus chaud, avait pour conséquence la naissance de plus de tortues marines mâles que de femelles. Une situation qui peut mettre ces espèces en danger.

"Si cela chauffe trop, elles iront pondre à des latitudes plus élevées"

"En fait c’est le contraire qui se produit, corrige Marc Girondot du Laboratoire Ecologie, Systématique, Evolution à l’université de Paris-Saclay. Si le sable est chaud, il y a plus de naissances de femelles". En réalité, note le chercheur, le processus est plus complexe. Lorsqu’une tortue marine enfouit ses centaines d’œufs dans un nid de sable, il reste ensuite 45 jours à deux mois d’incubation avant que les petites tortues ne brisent leur coquille. "La détermination du sexe n’a lieu qu’aux deux tiers de leur développement dans l’œuf – soit environ 15 jours - et elle se fait effectivement en fonction de la température environnante." S’il fait froid (entre 27 et 29° C), il y aura plus de mâles ; aux températures intermédiaires (30 ou 31° C), il y aura à peu près égalité entre les sexes; et aux températures plus chaudes (de 31 à 33° C), il y aura plus de femelles. Ce phénomène de détermination du sexe est courant chez presque toutes les tortues, les crocodiles, certains lézards, les amphibiens, les poissons, etc.

Alors, y aura-t-il plus de tortues femelles dans les océans à l’avenir ? Pas sûr, explique Marc Girondot. "Car les tortues marines ressentent l’augmentation des températures et elles peuvent ajuster leur calendrier en venant pondre prématurément sur les plages." Elles vont ainsi s’adapter aux changements climatiques. "Et si cela chauffe trop, note Marc Girondot, elles iront pondre à des latitudes plus élevées". "Quelques tortues marines viennent maintenant pondre dans le sud de la France, alors qu’il n’y en avait plus depuis longtemps. Il est donc important de leur laisser la capacité de pondre sur des plages non bétonnées", conclut le chercheur. (Sciences et Avenir)


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