Ce "smartphonegate" a débuté mercredi quand le CIO a annoncé offrir des téléphones ultra modernes du constructeur et sponsor sud-coréen Samsung à tous les athlètes engagés. Des appareils munis d'applications utiles pour les sportifs, informations sur les transports, la logistique ou les horaires des différentes épreuves de la compétition.
Sauf que deux délégations étaient mises à l'écart: ces smartphones, qui coûtent 750 euros, peuvent en effet tomber sous le coup des sanctions internationales relatives aux produits de luxe, qu'il est interdit de fournir à l'Iran et à la Corée du Nord.
Pas de cadeaux donc pour les sportifs de ces deux pays.
Furieux d'être pointés du doigt de la sorte, les Iraniens ont crié au scandale et l'ambassadeur de Corée du Sud à Téhéran, Kim Seung-ho, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères.
Les autorités iraniennes, au cours de cette rencontre, ont protesté fermement contre un "comportement malhonnête et contraire à l'esprit des jeux Olympiques" vis à vis de leurs quatre athlètes en course à Pyeongchang, a rapporté l'agence officielle iranienne Irna.
"Il a été annoncé que si Samsung ne présente pas d'excuses pour cet acte malavisé, cette affaire aura des répercussions fortes sur les relations commerciales entre le groupe Samsung et la République islamique d'Iran", poursuivait Irna.
- Tollé -
Des représailles qui seraient particulièrement gênantes pour le géant Samsung, très présent en Iran où il sponsorise de nombreux événements.
D'autant que Samsung a été embarqué dans cette affaire à son corps défendant: une porte-parole du groupe, plus gros constructeur mondial de smartphones et qui représente à lui seul un cinquième du produit intérieur brut de la Corée du Sud, a en effet souligné que le constructeur n'avait rien à voir avec les décisions prises par le CIO concernant ces cadeaux.
Devant le tollé, le CIO a fait machine arrière jeudi et finalement accepté d'offrir des smartphones aux Iraniens, mais le mal était fait.
Un mot clé "Non aux produits Samsung" a vu le jour sur les réseaux sociaux en Iran, et le ministre des télécommunications iranien Mohammad Javad Azari Jahromi a dit qu'il continuait à suivre cette affaire. Selon Irna, il n'a pas renoncé à éventuellement faire interdire les produits Samsung dans le pays.
Il est vrai que conformément à la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en juillet 2015 dans la foulée de l'accord international sur le nucléaire iranien, la quasi-totalité des sanctions onusiennes contre l'Iran sont actuellement suspendues.
- Lettre de protestation -
Un des cadres de Samsung a contacté l'ambassadeur iranien en Corée du Sud, Hassan Taherian, pour s'excuser, mais malgré ce geste, les athlètes de la République islamique ont refusé vendredi d'aller chercher les smartphones olympiques. A la place, ils ont remis une lettre de protestation où ils demandent les excuses du CIO, dont ils attendent la réponse, selon M. Taherian.
Concernant les athlètes nord-coréens, les instances olympiques ont accepté qu'ils reçoivent les téléphones... à condition qu'ils rendent les appareils avant de rentrer chez eux à l'issue des JO.
Mais vendredi, l'agence de presse sud-coréenne Yonhap rapportait que les 22 sportifs nord-coréens avaient eux aussi refusé les smartphones offerts. Aucune raison officielle n'a été avancée, mais l'accès à internet est très strictement encadré en Corée du Nord.
Un porte-parole du CIO, contacté par l'AFP, n'a pas pu confirmer cette information.
Sponsor des Jeux, Samsung Electronics a fait don de 4.000 exemplaires de "l'édition olympique" de son appareil phare, le Galaxy Note 8, pour qu'ils soient distribués gracieusement aux athlètes et responsables du CIO.
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