Epinglé aux USA, Huawei dope ses ventes de smartphones et ses dépenses de R&D

  30 Mars 2018    Lu: 1479
Epinglé aux USA, Huawei dope ses ventes de smartphones et ses dépenses de R&D

Le géant chinois des télécoms Huawei a vu ses bénéfices rebondir en 2017, dopant ses ventes de smartphones et musclant vigoureusement ses dépenses de développement, à l'heure où sa percée dans la technologie mobile 5G inquiète vivement les Etats-Unis.

Troisième fabricant mondial de smartphones derrière le sud-coréen Samsung et l'américain Apple, Huawei a vu son bénéfice net grimper de 28% l'an dernier, à 47,5 milliards de yuans (6,14 milliards d'euros), un net rétablissement après la stagnation de 2016.

Le groupe a profité de la robustesse de ses ventes de smartphones, en dépit d'une concurrence acérée en Chine comme ailleurs, avec 153 millions d'unités écoulées (+10%) et un bond de 32% des revenus de sa branche "biens de consommation" (40% des recettes).

En revanche, Huawei, également un des principaux groupes mondiaux d'équipements de télécommunications, a vu son chiffre d'affaires total s'essouffler, avec une progression divisée par deux (+15,7%), à 604 milliards de yuans.

Mais cela n'a pas empêché la firme de Shenzhen (sud de la Chine) de gonfler encore ses dépenses en recherche et développement, accrues de 17% sur un an.

Avec 11,6 milliards d'euros investis l'an dernier, soit 15% de son chiffre d'affaires, il s'approche des niveaux de dépenses R&D des américains Amazon et Alphabet (maison-mère de Google) au palmarès mondial.

"Il s'agit de faire face aux défis technologiques dans un monde en rapide mutation", commente le directeur général du groupe, Ken Hu, évoquant l'accent mis sur l'intelligence artificielle, l'informatique en nuage ("cloud") et la 5G.

- Craintes américaines -

Face aux scandinaves Ericsson et Nokia, le groupe chinois accélère tous azimuts sur la cinquième génération de téléphonie mobile, qui promet un internet ultra-rapide et dont les premiers déploiements commerciaux pourraient intervenir cette année.

Huawei, qui travaille déjà avec des opérateurs européens, promet par ailleurs de lancer un smartphone compatible 5G dès 2019.

"Sur les dix prochaines années, Huawei continuera d'investir en R&D plus de 10 milliards de dollars par an", et même jusqu'à "20 milliards", a martelé Ken Hu devant des journalistes à Shenzhen.

Or le fort gonflement des investissements de Huawei dans la R&D intervient alors que s'avivent aux Etats-Unis les craintes de la concurrence chinoise dans les télécoms, en particulier sur la 5G.

Avant le blocage par Washington du rachat du fabricant de microprocesseurs Qualcomm par son concurrent asiatique Broadcom, le ministère américain du Trésor avait ainsi estimé que l'opération menacerait la domination des Etats-Unis dans la 5G, Qualcomm étant "leader" sur ce créneau grâce à ses nombreux brevets.

Huawei lui-même a essuyé de cuisants revers commerciaux aux Etats-Unis: ses ventes y sont largement paralysées, sur fond d'inquiétude des autorités américaines quant à l'éventuel usage à des fins d'espionnage des réseaux et smartphones du groupe, dont le fondateur est un ex-officier militaire chinois. 

Un partenariat entre Huawei et l'opérateur américain ATT était notamment tombé à l'eau en janvier.

- "Travailler plus dur" -

Le groupe chinois, qui a toujours réfuté les suspicions d'espionnage, affiche sa résignation face à un marché américain pourtant crucial.

"Pour une raison ou une autre, nous sommes malheureusement incapables d'y faire des affaires, c'est dommage (...) Les difficultés aux Etats-Unis nous incitent à travailler encore plus dur pour trouver de la croissance ailleurs" et à "investir davantage dans l'innovation", a souligné M. Hu.

Et ce alors que les marges du groupe se réduisent sur un marché du smartphone très concurrentiel: en Chine, de loin son principal marché, Huawei est revenu en tête, avec 20,4% de parts de marché l'an dernier, mais reste talonné par les nouveaux venus locaux, Oppo, Vivo et Xiaomi, selon le cabinet IDC.

C'est par ailleurs sur son nouveau modèle P20, axé sur l'intelligence artificielle embarquée et lancé mardi à Paris, que le groupe compte pour bousculer en Europe le duopole Samsung-Apple qui y mène la course loin devant.

Quant à sa branche d'équipements télécoms (la moitié de son chiffre d'affaires), elle n'a vu ses revenus croître que de 2,5% l'an dernier.

Huawei veut désormais accélérer l'essor de ses services aux entreprises, créneau où ses recettes ont doublé en deux ans, et muscler son offre publique de "cloud", où sa part de marché reste confidentielle.


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