Quatre ans après l'intervention, la jeune fille, âgée aujourd'hui de 16 ans, peut mener les activités habituelles d'une adolescente, note l'équipe française de médecins et chirurgiens dans le New England Journal of Medicine (NEJM).
Elle a pu ainsi reprendre une activité normale et peut désormais respirer sans trachéotomie (incision au niveau de la trachée avec insertion d'un tube ouvert sur l'extérieur).
La prise en charge d'une sténose congénitale trachéobronchique (ou rétrécissement de la trachée et des bronches souches) est particulièrement complexe chez un enfant.
Elle a été développée chez l’adulte en 2010 à l'hôpital Marie Lannelongue (en région parisienne) par l'équipe de cet établissement, avec le Pr Philippe Dartevelle, et celle de l'institut Gustave Roussy (IGR, en région parisienne).
L'enfant avait déjà été opérée à 9 mois alors qu'elle était quasiment en train de mourir, explique à l'AFP le Pr Erea-Noël Garabedian, ORL de l'hôpital Necker-Enfants malades (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP) qui la suit depuis cet âge.
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Durant les années suivantes, elle a subi plusieurs autres procédures chirurgicales complexes, qui n'ont cependant pas permis de rétablir un calibre de la trachée suffisant en raison de sa croissance.
En 2014, les équipes de l'IGR, Marie Lannelongue et Necker-Enfant malades ont dû réaliser l'intervention de reconstruction en urgence du fait d'une dégradation respiratoire aiguë avec pronostic vital engagé de l’enfant, souligne l'AP-HP.
L'opération a consisté en une reconstruction totale de la trachée sous circulation extracorporelle à l’aide d’un greffon autologue (provenant de ses propres tissus). La technique permet d'éviter d'avoir à administrer un traitement anti-rejet d'organe.
Schématiquement, la trachée artificielle a été fabriquée grâce à un lambeau d'un muscle du dos, le muscle grand dorsal, recouvert de peau, et "armé" de morceaux de cartilage prélevés sur des côtes. Le tout a été cousu pour former un cylindre autour d'un tube de silicone. Ce dernier a été retiré neuf jours après l'intervention. L'adolescente conserve un suivi sur le plan respiratoire, relève le Pr Garabedian.
"En l’absence de techniques alternatives actuellement fiables, notamment celles faisant appel à la biothérapie cellulaire et tissulaire, cette première réussite mondiale apparaît comme une incontestable avancée dans la prise en charge des atteintes pédiatriques trachéales sévères et étendues", souligne l'AP-HP dans un communiqué.
A l'heure actuelle, c'est la technique la plus fiable, en attendant les progrès techniques à venir, estime le Dr Frédéric Kolb, chirurgien plasticien à l'IGR. Recourir à la culture de cartilage pour réduire les séquelles est une des pistes d'amélioration de cette solution pragmatique de reconstruction, avance-t-il.
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