L'apparition d'un géant du web sur le marché des droits sportifs préfigure une révolution dans la diffusion des matches, qui pourrait glisser de plus en plus vers des plateformes en ligne, analysent certains observateurs du secteur.
Amazon est le premier à briser la domination des chaînes Sky Sports et BT Sport, et diffusera en exclusivité 10 matches organisés un jour férié et 10 autres en milieu de semaine.
Les matches, achetés pour un montant non précisé, seront disponibles pour les abonnés britanniques d'Amazon Prime Video, le service de vidéo en ligne du tentaculaire groupe américain.
Toutefois, Sky sports et BT Sport diffuseront une large majorité du championnat, avec 128 matches par saison pour Sky Sports et 52 matches pour BT Sport.
Il y avait en jeu au Royaume-Uni 200 matches en direct par saison, répartis en sept lots. En février, la ligue avait vendu cinq des sept lots, Sky Sports ayant acquis quatre d'entre eux (128 matches), et BT Sport un, pour 32 matchs par saison. Les deux chaînes avaient dépensé au total 4,464 milliards de livres, soit un peu plus de 5 milliards d'euros.
Jeudi, la Premier League a annoncé l'attribution de 20 matches supplémentaires pour BT Sport, pour 90 millions de livres selon les médias britanniques, et de 20 matches pour Amazon.
"Nous accueillons Amazon comme un nouveau et passionnant partenaire et nous savons que Prime fournira un excellent service sur lequel les fans pourront regarder la Premier League", a déclaré le président exécutif de la Premier League, Richard Scudamore, dans un communiqué, peu avant l'annonce de son départ d'ici la fin de l'année après 20 ans à la tête de l'organisation.
"L'intérêt porté à nos droits britanniques témoigne de la fantastique compétition offerte par nos clubs", a-t-il ajouté.
Amazon, qui avait déjà retransmis des tournois de tennis du circuit ATP ou des matches du championnat nord américain de hockey sur glace (NHL), s'est félicité de la nouvelle. "La Premier League est le championnat sportif le plus regardé dans le monde", a déclaré Jay Marine, vice-président d'Amazon Prime Video Europe, dans un communiqué. "Nous cherchons en permanence à ajouter de la valeur à notre service".
- "Unique et révolutionnaire" -
"Ce changement, diffuser du sport à partir de plateforme en ligne est unique, et, dans certains aspects, révolutionnaire", a commenté Rob Wilson, spécialiste de l'économie du football et professeur à l'université de Sheffield, interrogé par l'AFP.
"C'est une reconnaissance du changement des comportements des consommateurs, dont les plus jeunes regardent les contenus davantage sur ordinateurs, tablettes ou téléphones mobiles que devant la télé", a-t-il souligné.
Ce partenariat sera scruté par les autres géants du numérique, Apple, Google, Facebook et Netflix en tête, a-t-il anticipé. "Ils vont observer de près la capacité d'Amazon à tirer parti de ce nouveau marché, à attirer de nouveaux abonnés ou de la publicité en ligne".
En cas de succès, les autres géants du web se positionneront eux aussi pour diffuser des matches, de Premier League, mais aussi des autres grands championnats de football, a-t-il ajouté, avant de mettre en garde contre un trop grand morcèlement du marché.
"Pour ceux qui veulent regarder tous les matchs, il faut débourser près de 1.500 livres par an (1.700 euros)", à cause de la multiplication des abonnements, a-t-il calculé.
Pour le championnat britannique, ce partenariat avec Amazon s'inscrit par ailleurs dans une stratégie pour s'attaquer au streaming illégal, selon l'analyste.
"Le streaming illégal est un problème pour n'importe quel industrie de divertissement. Le développement de ce nouveau service fait partie d'une stratégie de long-terme pour réduire les usagers du streaming illégal et les pousser à s'abonner".