Plus de 16 millions d'euros pour un vase chinois remisé au grenier

  14 Juin 2018    Lu: 1242
Plus de 16 millions d

Oublié dans un grenier pendant plusieurs décennies, un exceptionnel vase chinois en porcelaine créé pour l'empereur Qianlong (1735-1796) a atteint 16,2 millions d'euros mardi lors d'une vente aux enchères très disputées chez Sotheby's à Paris.

Selon la maison de ventes, il s'agit du "record absolu pour une ?uvre vendue chez Sotheby?s Paris depuis l'ouverture du marché aux maisons de vente étrangères en 2001 et le record pour une porcelaine vendue en France".

Avec une estimation de départ de 500.000/700.000 euros, les enchères ont très vite grimpé pour se concentrer sur un petit groupe d'acheteurs chinois, la plupart prenant les ordres par téléphone portable.

Ils se sont disputé le vase pendant plusieurs minutes et c'est finalement un jeune acheteur chinois, assis au premier rang et enchérissant apparemment pour lui-même, qui l'a emporté, sous les applaudissements. Il a souhaité resté anonyme.

En parfait état de conservation, le vase présente des décors polychromes dans lesquels dominent les tons roses. Il présente sur la panse un remarquable paysage peuplé de daims et de grues entourés de pins tordus et de pics couverts de brume. Sous sa base figure une "marque de règne" à six caractères.

- Comme un Caravage -

"Ce vase est le seul connu au monde avec de tels détails. C'est une oeuvre d'art majeure, c'est comme si on découvrait un Caravage", avait souligné Olivier Valmier, commissaire priseur spécialisé dans l'art asiatique, lors de la présentation de l'oeuvre.

Ce chef d'oeuvre a été découvert par hasard dans le grenier d'une maison de campagne familiale où il a passé plusieurs décennies avec d'autres "chinoiseries". "Ce vase, on ne l'aime pas beaucoup, et mes grands-parents ne l'aimaient pas non plus. Trop de couleurs vives", a expliqué la propriétaire. Elle a pris contact il y a trois mois avec Sotheby's, où l'objet est arrivé dans une boîte à chaussures.

Il aurait été acquis en France à la fin du XIXe siècle. Dans l'intérieur d'un brûle-parfum japonais également "conservé" dans le grenier, a été trouvée une facture remontant à l'Exposition universelle de 1867.

Seuls quatre vases dits "yancai ruyi" avec ce type de paysage idyllique avec des daims et des grues sont documentés dans la production des ateliers impériaux de Jingdezhen. En 1765, une paire est destinée aux Pavillons de Bouddha dans les appartements privés de Qianlong. En 1769, deux vases sont commandés comme cadeau d'anniversaire pour l'empereur. Une pièce de forme et de style similaires, mais sans grues, est conservée au musée Guimet à Paris.

- Bonheur et prospérité -

D'un dessin très libre, le paysage représenté semble imaginaire, mais il est en réalité inspiré du Parc impérial de chasse de Mulanj, l'une des résidences d'été où se rendait l'empereur pendant les périodes de chaleur

Les animaux et les plantes représentés sont chargés de symboles: le daim est synonyme de bonheur et de prospérité; les grues, montures des immortels dans les airs, personnifient la vieillesse; le pin vert représente la vie éternelle et le lingzhi, un champignon, l'immortalité.

Les pièces impériales de la période Qianlong sont particulièrement recherchées. Un bol en porcelaine de la famille rose s?est vendu 30,4 millions de dollars en avril dernier chez Sotheby?s Hong Kong. Une gourde de la même époque a atteint 5,089 millions d'euros lors d'une vente dimanche près de Tours.

Un cachet impérial datant également de Qianlong avait établi un record mondial à 21 millions d'euros en décembre 2016 lors d'une vente à Paris.


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