Après avoir représenté un Mahomet larmoyant, expliquant que « tout était pardonné » à l’occasion du « numéro des survivants », les caricaturistes ont choisi de dessiner un dieu monothéiste à longue barbe, les habits tachés de sang et une kalachnikov en bandoulière, avec le sous-titre : « 1 an après, l’assassin court toujours ».
Un édito au vitriol
Le dessinateur Riss, patron du journal, grièvement blessé le 7 janvier, y signe un éditorial rageur pour défendre la laïcité et dénoncer les « fanatiques abrutis par le Coran » et « culs-bénits venus d`autres religions » qui avaient souhaité la mort du journal pour « oser rire du religieux ». « Les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants », dit-il.
« Un mois avant le 7 janvier, je demandais à Charb si sa protection avait encore un sens. Les histoires de caricatures, tout ça, c`était du passé (...) Mais un croyant, surtout fanatique, n`oublie jamais l`affront fait à sa foi, car il a derrière lui et devant lui l`éternité (...) C`est l`éternité qui nous est tombée dessus ce mercredi 7 janvier ».
« Ce matin-là, après le bruit assourdissant d`une soixantaine de coups de feu tirés en trois minutes dans la salle de rédaction, un immense silence envahit la pièce », raconte-t-il. « J`espérais entendre des plaintes, des gémissements. Mais non, pas un son. Ce silence me fit comprendre qu`ils étaient morts ».
« C`est Charlie qui les verra crever »
« Comment faire le journal après tout ça ? C`est tout ce qu`on a vécu depuis vingt-trois ans qui nous en donne la rage », affirme-t-il. « Ce ne sont pas deux petits cons encagoulés qui vont foutre en l`air le travail de nos vies ». « Ce n`est pas eux qui verront crever Charlie. C`est Charlie qui les verra crever ».
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