Un vrai flou artistique. Depuis le krach boursier de l`été dernier, qui a mis au jour les faiblesses de l`économie chinoise, plus personne ne sait vraiment à quel rythme avance le géant asiatique. "Les chiffres officiels ne veulent plus rien dire. Ils ne sont plus corrélés avec les indicateurs statistiques", déplorent les experts de Natixis. Alors que Pékin annonce une croissance proche de 7% l`an, les importations affichent un recul de près de 20% sur un an, la production d`électricité stagne et les défaillances d`entreprises explosent: +25% en 2015.
Le risque de la bulle chinoise du crédit
Dans cet épais brouillard statistique, les économistes devinent tout de même quelques tendances. "Il y a probablement eu, au second semestre 2015, une amélioration de l`activité en Chine en raison d`une politique monétaire plus expansionniste, de nouveaux investissements en infrastructures et d`une baisse de la fiscalité sur les achats de petites voitures", explique-t-on chez Natixis. Mais cette embellie - forcément temporaire - se fait au prix du gonflement d`une bulle gigantesque.
"Pour créer 1 renminbi de croissance, la Chine doit aujourd`hui générer 3,3 renmin-bis de crédit, contre 1,8 en 2011", notent les experts d`Euler Hermes. Ainsi, au premier semestre, la Chine a injecté 9500 milliards de yuans de nouveaux crédits dans l`économie. Un montant gigantesque. Or cela ne suffit pas: il en faudrait deux fois plus pour retrouver une croissance de 8% l`an!
"La Chine se trouve face à un dilemme: soit elle renforce rapidement sa compétitivité en dévaluant fortement sa monnaie, au risque de provoquer une crise financière. Soit elle se contente d`une croissance de 5 à 6% à court terme et encourage les entre-prises à se moderniser, à monter en gamme.
Dans les deux cas, ce n`est vraiment pas une bonne nouvelle pour le reste de l`Asie. Car la faiblesse de la Chine creuse les déficits commerciaux et budgétaires, entraînant une chute des devises. En Malaisie et en Indonésie, la monnaie a déjà chuté de 20%. Au moins, ces deux pays peuvent compter sur une croissance modeste du PIB, de l`ordre de 4%.
Le Japon n`a pas réussi à revitaliser son économie
Ce n`est pas le cas du Japon. Le yen a baissé de 60 % par rapport au yuan et au dollar depuis le début 2013, sans parvenir à revitaliser l`économie. Et la dette publique japonaise dépassera sans doute le seuil fatidique de 250 % du PIB en 2016. "La politique menée depuis trois ans par les ténors du PLD Shinzo Abe et Taro Aso est un échec complet", commente Kenneth Courtis, ancien vice-président de Goldman Sachs Asie.
Finalement, dans ce contexte plein d`incertitudes, c`est l`Inde qui s`en sort le mieux. Le pays ne se contente pas de percer sur la scène high-tech, à l`image de Sundar Pichai, le nouveau patron de Google. Il est aussi l`un des rares à voir son économie accélérer. Tombée à 5% en 2014, la croissance indienne pourrait finalement atteindre 7,5% en 2016, grâce au dynamisme de sa demande interne. Selon un sondage récent de l`institut Nielsen, le consommateur indien est l`un des plus optimistes de la planète. L`Asie s`est peut-être trouvé une nouvelle locomotive.
Le risque
Un épuisement trop rapide des réserves de change en Chine entraînerait une remontée générale des taux.
Repères
L`Asie, c`est 55,3% de la population mondiale, 29,6% du PIB mondial. Elle a contribué à 53,5% des richesses créées en 2015.
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