La première "surprise" fut la comédienne Anika Noni Rose, qui prêtait sa voix à Tiana dans "La Princesse et la grenouille" (2009) et qui retrouve l'héroïne pour un petit rôle dans "Ralph 2.0". "Sur les nouvelles images qui ont été diffusées cet été, elle avait l'air très différente, avec la peau plus claire et des traits beaucoup plus fins", a-t-elle écrit sur son compte Instagram. "Mon équipe et moi-même avons immédiatement appelé le studio pour évoquer ces changements visuels", poursuit l'actrice, qui dit avoir eu une réunion avec les créateurs de "Ralph 2.0" et celui de Tiana pour apporter des modifications au personnage avant la sortie du film aux Etats-Unis le 21 novembre (en février chez nous).
Dans ce nouvel opus des aventures de Ralph, le héros quitte ses mondes de jeux d'arcade pour plonger dans internet et affronter ses périls inconnus, spams et publicités envahissantes en tête. Son but? Trouver une pièce de rechange afin de réparer "Sugar Rush", le jeu vidéo dans lequel vit son amie Vanellope von Schweetz, intrépide petite pilote de course.
La gamine délurée débarque sur un célèbre site internet consacré à Disney, "Oh My Disney", en pleine réunion d'héroïnes. Toutes sont là: Blanche-Neige, Ariel, Jasmine, Pocahontas, Moana et Tiana, qui à ce moment-là a bien la peau noire. Mais un peu plus tard, lors d'une soirée pyjama, la princesse arbore un teint nettement plus clair et des cheveux ondulés qu'on ne lui connaissait pas.
Brandi Collins-Dexter, de Color of Change, une ONG antiraciste qui a lancé une campagne contre le "blanchiment" de Tiana, a affirmé à l'AFP que Disney allait "redessiner" le personnage, qui redeviendra "une fière princesse noire, aux lèvres pleines et à la peau et aux cheveux noirs". C'est visiblement chose faite, comme en témoigne une nouvelle bande-annonce diffusée cette semaine par le studio. Selon le Wall Street Journal, Disney a pris en compte les nombreuses critiques.
Princesses féministes?
La polémique aurait risqué d'éclipser l'une des scènes phares du dessin animé, éclair de lucidité sur le rôle des femmes dans les contes de fées, sans doute inspiré par le mouvement #MeToo.
Fuyant des Stormtroopers échappés de "Star Wars", la jeune Vanellope fait irruption dans la loge des princesses comme un chien dans un jeu de quilles. Accueil glacial, Cendrillon allant même jusqu'à briser un de ses souliers de verre pour en menacer l'intruse, façon tesson de bouteille dans une rixe de bar. "On se calme les filles, je suis une princesse moi aussi!", se défend Vanellope, soumise alors à un interrogatoire en règle pour prouver ses titres de noblesse. "Ta chevelure est magique?" (Raiponce), "tes mains sont magiques?" (Elsa, la reine des neiges), "tu parles avec les animaux?" (Jasmine, Cendrillon et Pocahontas), "On t'a ensorcelée? Enlevée et séquestrée?"... À chaque fois, la réponse est "non".
Heureusement, la révélation viendra vite, à la faveur d'une répartie des plus féministes. "Est-ce que les gens pensent que tous tes problèmes se sont réglés parce qu'un homme fort et puissant a surgi dans ta vie?", demande Raiponce avec une moue désabusée. "Oui!", s'étonne Vanellope, dès lors reconnue par ses paires comme "une vraie princesse".
Sans surprise, c'est une femme qui a écrit la scène. "J'ai relu l'ébauche et j'ai eu une crise d'angoisse", se souvient la scénariste Pamela Ribon. "Je me suis allongée par terre et je me suis dit: 'Soit je me fais virer, soit ça va être énorme'", a-t-elle raconté à des journalistes.
Tags: Disney