Air France: le nouveau patron rencontre pour la première fois l'intersyndicale

  01 Octobre 2018    Lu: 764
Air France: le nouveau patron rencontre pour la première fois l

Benjamin Smith, le nouveau directeur général d'Air France, doit rencontrer lundi pour la première fois l'intersyndicale en vue de relancer le dialogue sur la question cruciale des salaires, en suspens après une série de grèves et le départ du précédent patron du groupe.

L'ex-numéro deux d'Air Canada a décidé de faire sa priorité de la résolution du conflit social qui agite la compagnie aérienne française depuis le début de l'année.

Deux semaines seulement après son arrivée à la direction exécutive d'Air France-KLM, Ben Smith a donc convié l'intersyndicale aux Invalides, dans les bureaux parisiens d'Air France, pour une "réunion de travail et d'échanges" à partir de 12H30, selon l'invitation envoyée aux syndicats et que l'AFP a consultée.

Composée d'organisations de pilotes (SNPL et Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD), l'intersyndicale réclame toujours une hausse générale des salaires de 5,1%, correspondant à l'inflation sur la période 2012-2017.

Si M. Smith a déjà rencontré séparément plusieurs syndicats représentatifs, dont la CFE-CGC, la CFDT ou le SNPL, premier syndicat des pilotes d'Air France, l'intersyndicale lui permettra de s'entretenir avec des syndicats non représentatifs et d'aborder directement la question des salaires.

La partie sera serrée. Quinze journées de grève de février à mai ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie et le conflit a débouché sur la démission de Jean-Marc Janaillac, son prédécesseur, désavoué par le personnel lors d'une consultation sur un accord salarial lancée par la direction.

- Nouveau cycle -

L'annonce de la rémunération de Ben Smith, nommé le 16 août après trois mois de laborieuses recherches, avait fait grincer des dents du côté des salariés, et la nationalité étrangère du dirigeant de 47 ans avait été décriée par certains syndicats.

Depuis sa prise de fonction, M. Smith a tenté de montrer patte blanche, tant auprès des représentants du personnel que des salariés, en allant très vite à la rencontre des syndicats et en promettant en français, dans une vidéo interne, d'investir 50% de sa rémunération fixe en titres du groupe.

La démission jeudi dernier de Franck Terner, directeur général d'Air France qui était au premier rang dans les négociations tendues avec l'intersyndicale au premier semestre, signale par ailleurs un nouveau cycle dans les discussions sur les salaires.

D'autant que c'est Ben Smith lui-même qui le remplace à ce poste, un intérim censé durer au maximum jusqu'à fin décembre, le temps de trouver un remplaçant à M. Terner.

Ce changement d'interlocuteur a été salué par plusieurs syndicats. Franck Terner, "c'est l'homme qui a conduit aux échecs et à la crise de gouvernance" du groupe, a ainsi déclaré à l'AFP Jérôme Beaurain, de Sud-Aérien, estimant qu'"il fallait un homme neuf". 

Pour Yannick Floc'h, membre du SNPL Air France, "peu importe les hommes, ce qui compte ce sont les solutions".

Exaspérés par un dialogue salarial au point mort depuis le printemps et six ans de gel des salaires, les syndicats veulent des avancées rapides.

Jérôme Beaurain attend de la réunion de lundi "des propositions salariales". "On n'y va pas pour prendre le thé, on a suffisamment perdu de temps", lâche-t-il.

Christophe Malloggi, de FO, espère lui "une nouvelle dynamique" dans les négociations sur les salaires.

La CGT a pour sa part averti que "la proposition que fera Benjamin Smith" lors de la réunion avec l'intersyndicale "sera déterminante sur la relance ou le solde du conflit", en se disant "prête à repartir au combat".

M. Smith a prévenu qu'il prendrait le temps nécessaire pour sortir du conflit. "Nous découvrirons ensemble le chemin pour parvenir à un accord, même si cela doit prendre un an", a-t-il déclaré dans un entretien à Paris Match paru jeudi. Tout en rappelant l'urgence pour le groupe de mettre derrière lui ce conflit, dans un secteur en proie à une rude concurrence.

AFP


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