Le salon automobile de Detroit savoure la sortie de crise

  11 Janvier 2016    Lu: 954
Le salon automobile de Detroit savoure la sortie de crise
Ce sont des constructeurs automobiles gonflés à bloc qui présenteront leurs nouveautés, lundi 11 janvier, lors de l’ouverture du Salon de Detroit.
Le marché a été marqué en 2015 par un nouveau record de ventes avec 17,47 millions de véhicules commercialisés aux États-Unis, un chiffre en hausse de 5,7 % par rapport à l’année précédente. Il faut remonter à 2000 pour retrouver une telle performance. Mais contrairement à cette époque, aujourd’hui, ces records de vente s’accompagnent de profits substantiels pour les constructeurs américains qui vont publier dans les prochaines semaines leurs résultats financiers.

Plus de sept ans après le début de la crise, le secteur est en pleine euphorie. Barack Obama va en prendre sa part. En effet, pour la première fois depuis le début de son premier mandat, le président américain se rendra au Salon de Detroit le 20 janvier pour « constater de [ses] yeux les progrès » réalisés depuis 2008, a-t-il déclaré, samedi 9 janvier, lors de son allocution hebdomadaire. À l’époque, le gouvernement américain avait décidé d’injecter 85 milliards de dollars pour sauver le secteur.

« Nous avons réduit le chômage de moitié »

« Je crois que tous les Américains devraient être fiers de ce que notre industrie la plus emblématique a réalisé. Le fait est que l’Amérique peut tout faire, s’est enflammé M. Obama. Même dans une période de grand défi et de changement, nous maîtrisons complètement notre avenir », a-t-il ajouté. L’effort public avait permis de renflouer General Motors (GM) et Chrysler, alors en faillite. « Depuis la mise en œuvre de notre plan, les constructeurs ont créé plus de 640 000 emplois. Nous avons réduit le chômage de la région de Detroit de moitié. Les trois grands constructeurs ont augmenté les salaires », s’est félicité le président.

Entre le retour des bénéfices et un prix de l’essence au plus bas (moins de 50 centimes d’euros le litre), les constructeurs ont clairement tourné la page de la rigueur. L’édition 2016 du salon sera ainsi l’occasion d’une démonstration de débauche de puissance et de véhicules haut de gamme. Après avoir reconquis du terrain dans les gros 4X4 et pick-up, les marques américaines partent en effet cette année à l’assaut de ce segment lucratif.
Ford sera ainsi présent avec sa GT, bi turbo V6, sept vitesses, caisse en fibre de carbone, qui sera accessible à partir de 2017 pour la modique somme de 400 000 dollars. Toutefois, le constructeur ne prévoit d’en produire qu’un millier. L’enjeu économique est plus significatif pour la Lincoln V8 Continental, qui doit affirmer les ambitions de Ford sur le segment du luxe. Ce modèle trouvera sur sa route la Cadillac CT6 de GM, qui présentera également le XT5, un gros crossover.

La Buick Envision, elle, se fera plus discrète. Il s’agit du premier modèle américain entièrement fabriqué en Chine, qui sera vendu aux États-Unis. Alors que Buick a la réputation d’être une marque pour retraités, GM veut faire de ce modèle l’un de ses fers de lance pour reconquérir une clientèle plus jeune. Mais le fait qu’il soit importé de Chine a du mal à passer.

Dennis Williams, le président de l’United Auto Workers (UAW), le principal syndicat du secteur, a qualifié la décision de GM de « gifle pour les contribuables américains et les hommes et les femmes qui ont travaillé si dur pour sauver GM au cours des années sombres ». Cindy Estrada, la responsable de l’UAW au sein du premier constructeur américain a ainsi beau jeu de dénoncer le slogan proclamé par GM : «Fabriquons là où nous vendons». «L’entreprise doit être cohérente avec son discours et devrait reconsidérer cette décision en localisant la production de ce modèle aux États-Unis», affirme-t-elle.

Volkswagen à la porte

De luxe, il en sera également question chez Hyundai avec la Genesis G90, une grosse berline, ou encore chez Infiniti (Nissan), qui sort une nouvelle version de son QX60. Les Allemands ne seront pas en reste avec la Mercedes SLC Roadster et ses 241 chevaux ou encore la nouvelle class E et son monstrueux moteur V8 bi turbo. BMW donnera le change avec la M2 Coupé dotée d’une motorisation de 365 chevaux.

Finalement, le seul constructeur qui risque de rester à la porte de la fête cette année sera Volkswagen (VW), alors que le groupe est actuellement empêtré dans son scandale de moteurs truqués. Son nouveau patron, Matthias Müller, a tout de même décidé de faire le voyage pour faire acte de contrition dans le but de reconquérir une clientèle américaine qui se sent trahie. Sa priorité immédiate ne sera d’ailleurs pas de vendre des voitures, mais… d’en acheter. VW s’est en effet engagé à racheter à leur propriétaire 115 000 véhicules équipés du fameux logiciel espion qui permettait d’enjoliver leurs performances en termes d’émission d’oxyde d’azote afin de contourner la réglementation américaine.

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