La déception des investisseurs a eu pour effet de faire passer brièvement la capitalisation du groupe sous la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars franchie pour la première fois le 2 août.
Vers 23H30 GMT, le titre se repliait encore de 6,62% à 207,50 dollars dans les échanges électroniques d'après clôture à Wall Street.
Les marchés ont mal accueilli les prévisions de ventes, jugées trop timides, pour la fin de l'année, une période habituellement faste pour la marque à la pomme, qui table sur 89 à 93 milliards de dollars de chiffre d'affaires, sous la fourchette moyenne des analystes.
Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, le groupe a expliqué sa prudence par plusieurs facteurs: des taux de change défavorables (à hauteur de 2 milliards de dollars) et des incertitudes macroéconomiques dans certains pays émergents. De plus Apple n'est pas certain de pouvoir fabriquer assez d'appareils pour répondre à la demande.
Les investisseurs ont aussi mal réagi à l'annonce par le groupe qu'il ne donnerait plus désormais de chiffre de ventes pour ses iPhone, une donnée scrutée de près par les marchés financiers mais qu'Apple considère comme peu révélatrice de sa santé financière.
Pourtant, le groupe avait publié des résultats meilleurs que prévu sur le trimestre et sur l'année, parvenant une fois encore à tirer profit des prix très élevés de ses iPhone, qui coûtent environ 175 dollars de plus que l'an dernier en moyenne.
"C'était une grande année et un grand trimestre pour l'iPhone", a résumé le PDG Tim Cook, pendant la conférence téléphonique.
- L'iPhone en moyenne à 793 dollars -
Sa stratégie de prix élevés --renforcée l'an dernier avec l'iPhone X et l'iPhone 8-- lui a donc permis de voir son chiffre d'affaires tiré des iPhone augmenter de 29% à 37,2 milliards de dollars alors qu'Apple a vendu quasiment autant de smartphones qu'à la même période l'an dernier. Avec 46,9 millions d'unités écoulées, la marque en a même vendu moins que ne l'espéraient les analystes.
Le groupe a confirmé en septembre sa stratégie du très haut-de-gamme, avec l'iPhone Xs (à partir de 999 dollars aux Etats-Unis) et Xs Max.
Toujours très dépendant de l'iPhone, Apple doit pratiquer une stratégie de prix habile dans un marché mondial du smartphone quasiment saturé: assez élevés pour garantir une hausse de son chiffre d'affaires mais sans pour autant faire fuir les consommateurs.
Tactique payante, puisque le chiffre d'affaires total est, à 62,9 milliards, en hausse de 20% et meilleur que prévu. Meilleur qu'anticipé aussi sur l'année entière, à 265,6 milliards de dollars (+16%).
Meilleur que prévu également, le bénéfice net ressort à 14,2 milliards (+32%) sur le dernier trimestre, et 59,5 milliards de dollars (+23%) sur l'année. Le bénéfice trimestriel par action, référence à Wall Street, atteint 2,91 dollars.
Le groupe, qui cherche à se diversifier pour être moins dépendant de son smartphone, a vu ses "services" (App Store, Apple Music, Apple Pay...) rapporter près de 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires trimestriel.
Avec environ 12% du marché mondial, la firme à la pomme a perdu au deuxième trimestre (avril-mai-juin) sa deuxième place en termes d'unités vendues, détrônée par le chinois Huawei qui connaît une croissance ultrarapide, selon les cabinets Gartner et IDC, dans un marché toujours dominé par le sud-coréen Samsung.
Le marché mondial a baissé de 1,8% au deuxième trimestre par rapport à la même période l'an dernier avec 342 millions d'appareils vendus, selon IDC.
Alors que le chiffre d'affaires des iPad a connu un repli de 15% au quatrième trimestre, Apple semble vouloir pour l'avenir miser aussi sur les prix pour sa tablette et ses ordinateurs portables, avec un nouveau MacBook Air et nouvel iPad pro présentés mardi à des montants relevés par rapport à leurs prédécesseurs.
Malgré les critiques souvent adressées au groupe (optimisation fiscale, condition de travail chez les sous-traitants, dépendance à la technologie, prix élevés, obsolescence programmée, panne d'inspiration...), Apple échappe néanmoins en grande partie au feu roulant de reproches adressés aux autres géants technologiques Facebook et Google concernant la gestion des données personnelles des utilisateurs.