Agression antisémite à Marseille: deux députés portent la kippa à l`Assemblée

  15 Janvier 2016    Lu: 908
Agression antisémite à Marseille: deux députés portent la kippa à l`Assemblée
Ce mercredi, nombre d`hommes politiques ont critiqué la recommandation du consistoire de Marseille, qui a invité les juifs à renoncer provisoirement au port de la kippa. Les appels à ne pas céder à la peur, après l`agression antisémite commise par un mineur, se multiplient.

Le débat qui s`est engagé dans la communauté juive sur le port de la kippa, après l`agression antisémite de Marseille, déborde sur la classe politique. Nombre de responsables appellent ce mercredi à ne pas céder à la peur.

Gloasguen et Meyer Habib, une kippa à l`Assemblée

Deux députés, Claude Goasguen (Les Républicains) et Meyer Habib (UDI), ont arboré une kippa devant les caméras mercredi, dans les couloirs de l`Assemblée nationale. ils se sont affichés avec le couvre-chef avant et après la séance des questions au gouvernement dans la salle des Quatre Colonnes, où les journalistes peuvent les interroger.

— Michel UzanPolitique (@MichelUzan) January 13, 2016

"Je ne suis pas juif, je mets la kippa à l`Assemblée nationale par solidarité. En France, on a le droit d`exprimer sa religion dans la rue, sans ostentation. Ce ne sont pas les religions qui tuent, ce sont les hommes", a déclaré Claude Goasguen, député de Paris et l`un des vice-présidents du groupe d`amitié France-Israël. Meyer Habib, député des Français de l`étranger, a ladouble nationalité française et israélienne et est vice-président du Conseilreprésentatif des institutions juives de France (Crif).

L`exécutif s`en mêle

Auparavant, François Hollande a estimé qu`il était "insupportable" que des citoyens français doivent "se cacher". "Sur ce sujet, le gouvernement a une responsabilité, il n`a pas à avoir une position. Il a une responsabilité, d`assurer la protection et d`être là pour protéger et dénoncer les actes antisémites, ça c`est sa responsabilité", a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur iTélé.

Le président du consistoire de Marseille, Zvi Ammar, avait suscité mardi un vif débat dans la communauté juive en préconisant l`abandon du port de la kippa dans les rues de sa ville "jusqu`à des jours meilleurs". L`enseignant blessé à la machette à Marseille en portait une. "Nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la kippa", a lancé de son côté le grand rabbin de France, Haïm Korsia.


Le Foll ne veut pas se mouiller

"On doit la protection aux Juifs de France comme à tous les compatriotes, mais aux Juifs de France, parce que l`antisémitisme [...] dure malheureusement depuis trop longtemps et a pris des nouvelles formes aujourd`hui", a affirmé Stéphane Le Foll, refusant de faire des "commentaires sur un débat qui est né au sein de la communauté juive".

Pour autant, plusieurs ministres se sont exprimés sur le sujet, comme d`autres responsables politiques, partagés entre compréhension de ce qui peut être considéré comme un appel à la prudence et volonté de tenir bon. "Résistance... Le plus beau mot, c`est la résistance ", a lâché sur LCP Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation, après avoir dit qu`elle "entend(ait) le responsable du consistoire de Marseille" et qu`elle n`avait "pas de conseil à donner".

"La protection, elle doit venir de l`Etat"

De son côté, Najat Vallaud-Belkacem s`est dite "surprise" par la recommandation du consistoire marseillais. "Ce n`est sûrement pas le conseil que j`aurais donné à titre personnel. Après, que le président du Consistoire de Marseille cherche à protéger les siens, ça part forcément d`une bonne intention, mais ce n`est pas ce qu`il faut envoyer comme message évidemment, et sûrement pas en ce moment. La protection, elle doit venir de l`Etat, des pouvoirs publics, et c`est ce que nous assurons", a estimé la ministre de l`Education nationale sur France Inter.

"Comme tout citoyen français, les Juifs de France doivent se sentir en sécurité" et doivent "bien entendu" pouvoir porter la kippa dans la rue, avait estimé la veille la garde des Sceaux Christiane Taubira.

"Renoncer, c`est céder"

A droite, Brice Hortefeux (Les Républicains) a estimé sur RTL qu`on ne pouvait "pas rester sans rien modifier à son comportement face à ces actes innommables", mais a dit partager la conviction du grand rabbin de France, "qui consiste à rappeler que renoncer, c`est céder".

"C`est un terrible constat", a jugé sur France Inter Gérard Darmanin (Les Républicains), assurant "comprendre la peur de certains Juifs de France". "Il ne faut pas qu`ils les retirent ces kippas. C`est une preuve de liberté de chacune et de chacun d`entre nous", a-t-il cependant exhorté.

Le président du MoDem François Bayrou a lui fait part de sa "très grande tristesse" sur Radio Classique. Les représentants du consistoire de Marseille "ont eu le sentiment qu`il y avait des risques, l`émotion a emporté, mais la France c`est le fait de vivre ensemble, des femmes et des hommes, des communautés d`origines différentes qui sont réunies dans le même amour d`un idéal".

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