Emploi : comment Hollande veut rebondir avant 2017

  18 Janvier 2016    Lu: 814
Emploi : comment Hollande veut rebondir avant 2017
Le chef de l’Etat présente ses vœux aux forces vives. Il va détailler le nouveau plan d’urgence pour l’emploi. Le plan de formation des chômeurs et la prime à l’embauche des PME coûteront 2 milliards d’euros en 2016.
Tel Sisyphe avec son rocher. En janvier 2013, François Hollande avait célébré le pacte de compétitivité et fait de l’emploi sa « seule priorité ». En janvier 2014, il a détaillé le pacte de responsabilité et martelé que « c’est maintenant que tout se joue ». En janvier 2015, il loue l’« audace réformatrice » et annonce une « mo­bilisation nationale pour l’ap­pren­tissage ». Pour ses vœux 2016 aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi, le chef de l’Etat va, ce lundi au Conseil économique, social et environnemental, développer l’« état d’ur­gence économique et social » décrété le soir de la Saint-Sylvestre et appeler à l’« unité » et à la « mobilisation » de tous, en particulier des partenaires sociaux et des régions, invités à participer au financement des mesures.

Les années passent, l’objectif reste : inverser la courbe du chômage, une promesse à laquelle le chef de l’Etat a conditionné sa candidature en 2017. L’« urgence » est de fait aussi politique tant, à quinze mois de l’échéance, le constat reste sans appel : ni les emplois aidés ni les baisses de charges du pacte de responsabilité n’ont donné les résultats escomptés, en dépit de vents porteurs l’an passé. Fin novembre, on comptait 3,575 millions de chômeurs, 600.000 de plus qu’au début du quinquennat. « Vu le calendrier politique, c’est maintenant que ça se joue », juge-t-on au sommet de l’Etat. « Il faut se battre jusqu’au bout. Face au chômage, François Mitterrand disait “on a tout essayé”. François Hollande, lui, dit “on va tout essayer” », insiste Jean-Christophe

Cambadélis, le premier secrétaire du PS.

Reste que le plan que détaillera le chef de l’Etat s’appuiera sur de vieilles recettes, avec un effort « massif » de formation de 500.000 chômeurs de plus, une nouvelle relance de l’apprentissage et une prime à l’embauche dans les PME. Les modalités du plan de formation et de son financement, estimé à un gros milliard d’euros, feront l’objet d’un séminaire en février avec les régions et les partenaires sociaux. L’exécutif travaille sur trois parcours de formation différents, selon les qualifications des chômeurs. Samedi, l’AFP a révélé que syndicats et patronat ont accepté de renforcer, de 80 millions d’euros, l’effort financier assumé en 2016 par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. Des régions sont prêtes à jouer le jeu, mais elles veulent des pouvoirs renforcés sur les politiques de l’emploi (lire page 4).

« On arrose le sable »

Les mesures en faveur de l’apprentissage seront plus légères, du seul ordre réglementaire. « On a déjà fait beaucoup de gestes financiers ; si on en empile encore, ça sera illisible », confie un proche du dossier. Selon nos informations, un assouplissement des contrats de professionnalisation est aussi prévu. Mais les annonces les plus attendues porteront sur la prime à l’embauche. Elle sera de 2.000 euros sur les recrutements à bas salaire dans les PME de moins de 250 salariés (lire ci-contre). Dimanche, Laurent Berger, leader de la CFDT, s’est dit « pas fan du tout » de cette approche engendrant « des effets d’aubaine » : « on arrose un peu le sable » alors que « ça coûte très cher », juge-t-il. Le coût de la prime est estimé à 1 milliard d’euros pour 2016, portant à 2 milliards le coût global du plan d’urgence.

Face à l’opposition des syndicats et à la nécessité de ne pas braquer la gauche, a fortiori après les polémiques sur la déchéance de nationalité, l’Elysée a de nouveau exclu de réformer le contrat de travail, en dépit du lobbying patronal pour « lever la peur de l’embauche ». « Il faut de l’efficace, du solide, et pas de risque sur le plan politique », prévient un poids lourd du gouvernement, soucieux « d’envoyer des messages qui soient entendus par la gauche ». « Il faut qu’on avance sur tous ces sujets sans tomber dans des propositions qui sont plus idéologiques », abonde Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement.

François Hollande devrait toutefois confirmer de nouveaux assouplissements des 35 heures ainsi que la barémisation des indemnités prud’homales (avec, au grand dam des syndicats, des plafonds bas pour préserver les PME), deux mesures du projet de loi El Khomri, en cours d’écriture. Mettra-t-il la pression sur le patronat avant la dernière vague de baisses de charges du pacte de responsabilité ? Nombre de ministres, et les syndicats, l’y poussent en tout cas. Inversement, le chef de l’Etat, qui avait annoncé précédemment la transformation du Cice en baisse directe de charges d’ici à 2017, est aussi attendu au tournant par le patronat, qui pousse cette mesure.

Au sein de la majorité, l’inquiétude est palpable. « Les mesures sont bonnes mais elles auraient dû être annoncées en juillet 2012, vu le temps qu’il faut pour obtenir des résultats », juge un des députés réformateurs du PS. Si la croissance sera déterminante, l’Elysée peut toutefois espérer des résultats : en 2008, un dispositif semblable de prime à l’embauche avait rencontré un vrai succès. Et si la formation des chômeurs est un investissement de moyen terme, elle permettra de « sortir » des chiffres officiels du chômage ses bénéficiaires.

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