Le Soleil pourrait-il produire des éruptions très violentes qui seraient des centaines, voire des milliers de fois plus redoutables que les plus puissantes observées lors de ses derniers cycles d'activité de 11 ans ? Les astronomes aimeraient beaucoup le savoir car, en effet, un tél événement aurait, à n'en pas douter, de graves conséquences sur nos sociétés (ultra)connectées et très dépendantes de l'électricité. Outre que les astronautes devraient alors s'enfuir au plus vite -- ou du moins se mettre à l'abri --, nombre de satellites -- et ils sont de plus en plus nombreux en orbite -- seront endommagés ou anéantis.
Et cela ne s'arrêtera pas là : sur Terre où le ciel se sera embrasé d'aurores spectaculaires -- ce sera magnifique ! --, une grande partie des réseaux électriques sera dévastée, avec toutes les retombées que l'on peut imaginer dans le monde entier.
Bref, ce serait une catastrophe globale et nous ne sommes vraiment pas prêts à l'affronter, alertent les scientifiques. Des rapports en effet ont déjà signalé aux divers gouvernements le coût très élevé qu'aurait un tel phénomène. Cela est sans doute déjà arrivé dans l'histoire de l'humanité mais jusque-là, les technologies et les sociétés n'en ont pas souffert. Aujourd'hui, à l'ère du « tout numérique », c'est une tout autre histoire. Qu'on se rassure quand même : la Terre ne s'arrêtera pas de tourner.
Gros plan sur une éruption solaire observée par le satellite SDO le 31 août 2012. © Nasa, DSFC, SDO
Une super-éruption solaire tous les 10.000 ans ?
Alors, cela va-t-il arriver bientôt ? Les chercheurs aimeraient donc bien pouvoir nous dire quand mais c'est encore impossible. Toutefois, la recherche avance. En s'appuyant sur les données collectées par feu le satellite Kepler -- célèbre chasseur d'exoplanètes observant la luminosité des étoiles--, sur des étoiles célibataires et similaires à notre Soleil (en taille, masse, âge, composition etc.), ils présentent dans leur article publié en mai dans The Astrophysical Journal, une meilleure évaluation de la fréquence de ce type d'événement.
Sans surprise, les jeunes étoiles qui tournent plus vite sur elles-mêmes sont celles qui sont (et fréquemment) les plus déchaînées : les super-éruptions peuvent survenir une à deux fois chaque semaine. Ce qui était sans doute le cas pour le Soleil, il y a environ 4,6 milliards d'années. Maintenant, avec le temps, il est beaucoup plus calme du fait du ralentissement de sa rotation. Néanmoins, les puissantes éruptions ne s'arrêtent pas pour autant. La bonne nouvelle est qu'elles sont quand même plus rares.
D'après les statistiques qui se réfèrent à la quarantaine de soleils que Kepler a espionnée, on peut en effet en redouter tous les 2.000 à 3.000 ans. Et comme 30 à 50 % d'entre elles sont susceptibles de se diriger vers la Terre et de butter dans son champ magnétique, cela fait grimper le risque à une occurence de super-éruption tous les 10.000 ans en moyenne.
« Notre étude montre que les super-éruptions sont des événements rares, a écrit l'auteur principal, Yuta Notsu, de l'université du Colorado. Mais il est possible que nous puissions vivre un tel événement dans les 100 prochaines années ». Qui sait ? cela fait peut-être dix millénaires qu'il n'y en pas eu... Et peut-être que l'événement de Carrington, en 1859, a été provoqué par une super-éruption. Comme nous ne savons pas quand aura lieu la prochaine, il serait sage et avisé de prendre la menace au sérieux, soulignent les chercheurs.
Futura Sciences