L’épidémie de coronavirus, coup dur pour le tourisme et le commerce à Paris

  31 Janvier 2020    Lu: 569
L’épidémie de coronavirus, coup dur pour le tourisme et le commerce à Paris

Le nombre de touristes chinois à l’étranger a explosé ces dernières années, en particulier en France, où il a triplé par rapport à 2009 (712.000 visiteurs, contre 2,2 millions en 2018). La France est la première destination européenne des touristes chinois.

Paris est d’ailleurs la capitale européenne la plus reliée à la Chine, avec 100 liaisons hebdomadaires France-Chine en 2019, indique Atout France, l’agence de promotion du tourisme en France auprès de l’étranger. Shanghaï et Pékin étaient les deux villes les plus émettrices en 2018, mais Wuhan, la métropole de 11 millions d’habitants épicentre de l’épidémie de coronavirus, arrive en huitième position (7,4% des touristes chinois dans l’Hexagone).

25% des touristes chinois voyagent en groupes, et 75% sont des individuels ou des petits groupes. Ils séjournent en moyenne 5,2 nuits.

La première clientèle francilienne en retombées

Les Chinois comptent pour 2,5% de la fréquentation touristique totale en France, mais ils sont encore plus importants pour l’économie, puisque qu’avec 3,6 milliards d’euros en 2018, ils représentaient 7% des recettes touristiques. A Paris et en Ile-de-France, ils ont dépensé 265 millions d’euros en 2018 dans des biens « durables », non consommés sur place, comme un sac à main, un vêtement, un parfum ou un souvenir, indique la Chambre de commerce (CCI) Paris-Ile-de-France. Cela en fait la clientèle la plus dépensière devant les Américains (246 millions d’euros), les Espagnols (85 millions) et les Japonais (78 millions).

Le shopping est leur deuxième poste de dépenses (26,1%) après l’hébergement (40,9%), indique le Comité régional du tourisme (CRT) d’Ile-de-France.

Lors du Nouvel An chinois 2019, « le nombre de détaxes des touristes chinois en France avait diminué de 5% par rapport à 2018, notamment à cause du mouvement des gilets jaunes », selon la société de détaxe Planet. Sur cette base et dans « le pire des scénarios pour 2020, les pertes pourraient être estimées à 10% des achats détaxés en France, soit 22 millions d’euros ».

Les Chinois génèrent un tiers des ventes du secteur du luxe, contre moins de 10% en 2003, au moment de l’épidémie de Sras, a rappelé le 28 janvier la banque UBS dans une note. Didier Kling, président de la CCI Paris-Ile-de-France, indique à « l’Obs » que le budget moyen des visiteurs chinois en région parisienne (par séjour et par personne) est de 1 024 euros, bien supérieur à celui des touristes étrangers dans leur ensemble (640 euros) : « Les touristes chinois fréquentent davantage les grands magasins et les boutiques de luxe, et ils veulent souvent ramener ce qui évoque l’art de vivre à la française », observe Didier Kling.

« Pour le moment, on observe évidemment un tassement dans les commerces concernés avec l’arrêt des charters, mais la question c’est : est-ce un report qui sera compensé un peu plus tard, auquel cas ce ne serait pas ou pas trop de pertes, ou est-ce que cela durera plus longtemps ? »« Forcément cela va créer un manque d’arrivées de touristes chinois », même si « février n’est pas un énorme mois », observe pour sa part Christophe Decloux, directeur général du CRT. Il rappelle qu’en 2003, lors de l’épidémie de Sras en Asie, « on a eu une baisse d’arrivées - pour l’ensemble des marchés asiatiques et pas seulement le marché chinois - de 1,7 million de touristes, ce qui représentait une perte d’environ 200 millions d’euros de chiffre d’affaires ».

Chez les hôteliers de chaînes (plus de la moitié du marché français en chambres et en salariés), des consignes de souplesse commerciale ont été données - accepter des annulations sans frais ou des reports - pour la clientèle en provenance de Chine, « y compris non chinoise, par exemple pour un groupe américain venant de Chine », précise à « l’Obs » Jean-Virgile Crance, président du Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). « Avec l’interdiction par le gouvernement chinois des départs de groupe, on voit évidemment tomber des annulations en série. Mais comme nous sommes en basse saison, cela n’a pas un impact trop fort. Quelques établissements qui travaillent beaucoup avec cette clientèle peuvent cependant être fortement impactés. »

500 000 Français en Chine en 2018

Dans l’autre sens, les tour-opérateurs français ont fait voyager vers la Chine 15 600 clients en 2018 dans la catégorie « voyages à forfait » (vol plus hôtel). Le 26 janvier, leur syndicat (Seto) a recommandé la suspension des voyages organisés vers ce pays « jusqu’au 21 février inclus » du fait de l’épidémie, en raison de la fermeture de la plupart des sites touristiques.

« Entre les tour-opérateurs et les agences de voyages françaises, cela représente moins d’un millier de touristes français concernés », indique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, organisme qui représente le secteur du voyage en France. Au total, 500 000 Français se sont rendus en Chine en 2018.

British Airways et la Lutfthansa ont annoncé ce mercredi suspendre tous leurs vols vers la Chine continentale, D’autres compagnies aériennes (United, Cathay Pacific, Finnair) ont indiqué réduire le nombre de leurs vols. Air France n’a pas changé son programme pour l’heure, à l’exception de ses vols vers Wuhan, qu’elle a suspendus, comme les autres compagnies.

L’OBS / Thierry Noisette


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