n raison de préoccupations éthiques évidentes, il n’y a pas beaucoup de données scientifiques sur le sujet de la famine humaine et de la survie. Au lieu de cela, il existe de nombreux récits de cas de famine (volontaire ou involontaire) complète ou quasi-complète, qui nous permettent de tirer des conclusions très générales.
L’un des cas de famine volontaire les plus connus est la grève de la faim du Mahatma Ganhdi. Pendant sa protestation, Gandhi n’a consommé absolument aucune nourriture et n’a bu que 21 gorgées d’eau, et a survécu. Ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est le fait que Gandhi était très maigre quand il a commencé sa grève de la faim, n’ayant donc pas beaucoup de réserves d’énergie dès le départ. Il convient également de noter que durant sa vie, Gandhi aurait effectué au total 14 grèves de la faim.
Famine : une durée de survie comprise entre 21 et 61 jours selon la personne considérée
Dans un éditorial de 1997 du British Medical Journal, Roger M. Peel a brièvement passé en revue la littérature disponible concernant la famine humaine. En règle générale, il semble que les humains peuvent survivre sans nourriture pendant 30 à 40 jours, à condition qu’ils soient correctement hydratés. Les symptômes graves de famine commencent entre 35 et 40 jours et, comme l’ont souligné les grévistes de la faim de la prison Maze de Belfast dans les années 80, la mort peut survenir entre 45 et 61 jours.
Tableaux récapitulant les IMC des femmes et hommes décédés de famine examinés lors d’études antérieures. Les donnes montrent qu’en dessous de ~13.5 pour les hommes et ~11 pour les femmes, les durées de survie sont très courtes. Crédits : C. J. K. Henry
La cause de décès la plus courante dans ces cas extrêmes de famine est l’infarctus du myocarde ou l’insuffisance organique, et il est suggéré qu’elle survienne le plus souvent lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) d’une personne atteint environ 12.5 kg/m². Il semble y avoir une certaine valeur « minimum » sur l’échelle de l’indice de masse corporelle (IMC) pour la survie. Selon la revue Nutrition, les hommes ayant un IMC inférieur à 13 et les femmes ayant un IMC inférieur à 11 ne peuvent pas survivre longtemps sans manger.
La production d’énergie à partir des réserves de l’organisme
Le corps modifie son fonctionnement au bout de douze heures maximum sans aucun apport. En règle générale, la nourriture apporte une source de glucose à l’organisme, pour produire de l’énergie. Cependant, au bout de 12h, le stock de glucose est épuisé. L’organisme convertit alors le glycogène stocké dans le foie et les muscles en glucose. Une fois le glucose et le glycogène épuisés, le corps commence à utiliser des acides aminés pour fournir de l’énergie.
Schéma expliquant la voie de conversion du glycogène en glucose via la glycogénolyse. Crédits : Kevin Raux
Ce processus affecte les muscles et peut fournir de l’énergie au corps pendant environ trois jours de famine avant que le métabolisme n’opère un changement majeur pour préserver les tissus maigres du corps. Pour éviter une perte musculaire excessive, le corps commence à dépendre des réserves de graisses pour créer de l’énergie à partir des cétones, un processus connu sous le nom de cétose. Une perte de poids importante à lieu pendant cette période.
L’une des raisons pour lesquelles les femmes sont capables de souffrir de la famine plus longtemps que les hommes est que leur corps a une composition lipidique plus élevée. Plus il y a de réserves de graisses disponibles, plus une personne peut généralement survivre pendant la famine. Une fois que les réserves de graisse ont été complètement métabolisées, le corps revient à la dégradation musculaire pour l’énergie, car c’est la seule source de carburant restante dans le corps.
L’aggravation de l’état général au cours de la famine
La personne commence à ressentir des symptômes graves au stade de la famine où le corps utilise ses réserves musculaires pour l’énergie. Une étude publiée dans le British Medical Journal indique que ceux qui font une grève de la faim doivent être surveillés de près pour les effets secondaires graves de la famine après avoir perdu 10% de leur poids corporel. Elle indique également que des conditions très graves se produisent lorsqu’un individu perd 18% de son poids corporel.
Les symptômes de la famine incluent : vertiges, malaise, hypotension, ralentissement du rythme cardiaque, faiblesse musculaire, déshydratation, troubles thyroïdiens, hypokaliémie, douleurs abdominales, fluctuations de la température corporelle, fièvre, infarctus du myocarde, dysfonctionnements organiques, troubles neurologiques et dépression.
Le rôle clé de l’hydratation dans la famine
Il est possible de survivre des semaines, voire des mois sans manger, si la personne peut s’hydrater. Il est bien plus facile pour l’organisme de puiser dans ses réserves pour remplacer la nourriture plutôt que les fluides. Sans hydratation, la fonction rénale diminue en seulement quelques jours.
Selon une étude, ceux qui sont sur leur lit de mort peuvent survivre entre 10 et 14 jours sans nourriture ni eau. Quelques périodes de survie plus longues ont été notées, mais sont moins courantes. Les personnes alitées n’utilisent pas beaucoup d’énergie. Une personne en bonne santé et mobile mourrait probablement beaucoup plus tôt.
Une autre étude ayant examiné les grèves de la faim a suggéré qu’une personne doit boire au moins 1.5 litre d’eau par jour pour survivre à la famine pendant une période plus longue. L’étude a également suggéré d’ajouter une demi-cuillère à café de sel par jour à l’eau pour aider à la fonction rénale.