Tapis azerbaïdjanais

  10 Février 2016    Lu: 5429
Tapis azerbaïdjanais
L’Azerbaïdjan est renommé pour sa diversité artistique depuis des temps immémoriaux, avec une place prépondérante pour la tapisserie.
La fabrication des tapis est le domaine de la culture où se reflète la vision du monde du peuple azerbaïdjanais et son esthétique. Depuis des millénaires, les Azerbaïdjanais naissent, vivent et, meurent sur des tapis.

Les origines de la tapisserie remontent à l’âge du Bronze. Les découvertes archéologiques et les sources écrites approuvent que déjà au deuxième millénaire avant J.-C., on fabriquait différents objets faits de tissu de tapis. D’après les sources historiques et les récits des voyageurs européens, l’Azerbaïdjan était l’un des centres de fabrication de somptueux tapis au Moyen-âge en Orient.



La fabrication des tapis était traditionnellement réservée aux femmes, qui transmettaient soigneusement leur savoir-faire de génération en génération. On dit qu’il n’existait pas une seule femme qui ne sache tisser. Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’un des objets principaux de la dot d’une jeune femme était son lot de tapis « Dast-khali-gaba », consistant de 3 à 5 pièces. La jeune femme devait participer elle-même à la fabrication de cette collection. Cette tradition, existant depuis des siècles, contribue à sa large diffusion parmi la population et le tissage du tapis devient l’une des activités principales de ce pays.
Pour leur technique de fabrication, les tapis azerbaïdjanais diffèrent : noués ou tissés. Les tapis tissés sont les Palaz, Djedjim, Sheddé, Kilim, Zili, Varni, Sumakh. Depuis l’antiquité, les articles de tapis tissés- khurdjoun (la besace), mafrash (le coffre de tapis), tchul (le caparaçon) et d’autres, et ceux de tapis noués- dast-khaly-gaba, khlche, khaly, gaba –sont largement utilisés dans la vie quotidienne.

La diversité des conditions climatiques, certains facteurs historiques, économiques et sociaux ont favorisé la disparité des tapis azerbaïdjanais. Chaque région d’Azerbaïdjan est réputée pour ses tapis et articles de tapis originaux. Ainsi, pendant des siècles, différentes écoles sont créées dont les noms correspondaient à des zones géographiques : école de Guba, Bakou, Shirvan, Gandja, Gazakh, Garabagh, Nakhtchivan et Tabriz.

Les tapis de l’école de Guba

La Zone de Guba est le plus grand centre de tapis en Azerbaïdjan. Elle est située au nord-est du pays, zone de montagnes, pièmonts et plaine. Les villages de Gonakhkend, Khashi, Djimi, Afurdja, Erfi, Sékhub, Boudoug, Gyryz Djek, Khan, Salmesoyud constituent le pôle de fabrication dit « des montagnes ».



La partie du piémont comprend les villages de Fyndygan, Amirkhanly, Alikhanly, Khalfalyar, Gyando , Pimarsan, Bilidji, shahnazarly, Pirebedil, Zeyva, Zokhramy, Sumagoba, Khyrdagul-chichi, Syrt-tchichi, Dere-tchichi et Sabatlar.

La fabrication se concentre dans la plaine de Shabran avec les villages de Chay Karakashy, Susinli Karakashly, Sarvan, Davichi, Mollakamally etc.



Les tapis de Guba représentent plus de 30 compositions différentes caractérisées par la multitude des conceptions, la complexité des ornements géométriques, la modestie harmonieuse des couleurs. Leurs ornements se composent de motifs géométriquement stylisées, d’animaux et de fleurs. La bordure sur les tapis azerbaïdjanais est particulièrement intéressante ; elle montre des ornements complexes et occupe la plus grande partie du tapis. Les petits motifs d’ornements, gracieusement transmis, les médaillons des formes différentes, les éléments floraux fortement stylisés et placés en bordure caractérisent principalement les tapis de Guba. Dans l’echelle des couleurs, le bleu, le jaune ocre, le blanc, le marine et le marron sont très fréquents.

Les compositions de Guba telles que « Alpan », Gonaghkend », « Alchagul-tchichi », Khyrdagul- tchichi, « Ghymyl », « Pirabadil », « Zeyva », « Ugakh », « Afurdja », « Ordudj »etc. sont connues pour leurs structure fine, ornements complexes, contours raffinés et combinaisons harmonieuses des couleurs. La densité des tapis de Guba varie entre 40×40 et 55×55 au mètre carré et on peut compter de 160 mille à 300 mille nœuds au mètre carré.

Les tapis de l’école de Bakou

Les tapis de l’école de Bakou comprend des villages de la péninsule d’Absheron- Novkhany, Nardaran, Bulbulé, Fatmahi, Mardakan, Gala,Amirdjan etc .ainsi que la zone de la région Khyzy avec les villages de Gadi, Khil, Keshi, Findighan. La majorité de ses tapis tirent leurs noms des lieux, où ils sont fabriqués : « Khilé-buta », « Khilé-Afshan », « Novkhany », « Surakhany », « Gala », « Bakou », « Goradil », « Fatmahi », etc. Dans la zone de Bakou se fabriquaient aussi les tapis tissés, sans poil : Palaz, Kilim et Zili, ainsi que les articles de tissu de tapis- kheyba, tchanta, khurdjun.



Le groupe bakinois se diffère par sa douceur, ses tons clairs, la finesse de ses ornements. Les motifs géométriques et floraux dominent dans les ornements de ses tapis. Le tapis «Khele-buta» utilise l’élément «buta», motif le plus élaboré de l’art décoratif azerbaïdjanais. Dans le passé, cet élément était le symbole du culte du feu.

D’après les critères techniques, artistiques et stylisés, les tapis de l’école de Bakou peuvent se diviser en deux sous-catégories : la première- les tapis à compositions « Khilé-buta » et « Khile-afshan » proches des tapis de Tabriz, mais différents selon l’interprétation locale d’origine.



La deuxième sous-catégorie ressemble aux tapis de Shirvan. Ce sont les compositions « Surakhany », « Novkhany », Fatmaï, « Goradil», « Gala » et « Bakou ». Sur l’axe central de ce tapis se trouvent de grands médaillons quadrangulaires. Les bordures des médaillons sont souvent entourées par les éléments en forme de crochet.

A l’intérieur, les médaillons sont remplis de motifs différents à décors floraux stylisés. Malgré leur géométrisation, les bordures ont conservé leurs formes florales.

La palette générale des couleurs de ces tapis est identique à la nature de l’Absheron du nord. Depuis longtemps, la grenade, le safran, les amandes, les figues et les vignes y sont cultivés. Les teinturiers utilisaient l’écorce de grenade et les feuilles de figue et de vigne, ainsi que les pelures d’oignon pour teindre le fil de laine. Pour la teinte des tapis, les couleurs suivantes étaient employées : rouge, bordeaux, bleu, bleu claire, vert.

Les tapis de l’école de Bakou se distinguent par leur haute qualité technique- la densité du liage, la finesse du matériel, la qualité de la laine, l’exactitude de la réalisation, la subtilité de l’apprêt. La densité des tapis de cette école varie entre 40×40 et 55×55 au mètre carré et on peut compter de 160 mille à 300 mille nœuds au mètre carré.

Les tapis de l’école de Shirvan

L’école des tapis de Shirvan est située dans la partie nord-est de l’Azerbaïdjan et comprend les villes de Shamakhy, Maraza, Agsu, Kurdamir, Hadjigabul, Goytchay et d’autres régions. Les Tapis de l’école de Shirvan se caractérisent par la riche décoration en formes de fleurs et d’oiseaux fortement stylisées. Les tisseuses habituellement complètent le champ à décor par des médaillons géométriques et des dessins d’animaux, d’oiseaux, d’arbres et d’insectes.

L’école de Shirvan compte plus de 30 compositions de tapis noués. D’habitude le champ central des tapis de Shirvan entoure la partie de bordure, somptueusement décorée et ayant quelques raies. La palette des tapis de Shirvan est principalement chaude – rouge, bleu, marron ocre et brun.

Les tapis noués les plus connus du groupe de Shirvan sont «Ardjiman», «Djamdjamli», « Gabystan », «Maraza» et «Kurdamir». Shirvan est aussi renommé pour ses tapis tissés tels les « Palaz » et « Kilim » tissés dans les villages de Pashaly et Udulu.

Différents objets en tissu de tapis se fabriquaient à Shirvan : tchuval (sac), khurdjun (la besace), mafrash (le coffre de tapis), tchul (le caparaçon) etc.

La densité des tapis de Shirvan est haute – de 45×45 jusqu’à 50×50 nœuds au mètre carré, la hauteur de la laine fait de 3 à4 millimètres.

Les tapis de l’école de Gandja

Les tapis de l’école de Gandja s’étend dans la partie nord-ouest de l’Azerbaïdjan et comprend Gandja et les villages aux alentours, ainsi que Gadabey, Goranboy, Shamkir et samukh. Le centre principal de la production est Gandja.

Aux Xe et XIe siècles, Gandja était célèbre pour ses produits textiles de laine et de soie et ses tapis de haute qualité. Les tapis de Gandja diffèrent des autres tapis azerbaïdjanais par leurs ornements, la diversité des compositions et la finesse des motifs. Les grands médaillons du champ central et l’ornementation à deux plans sont caractéristiques de cette école. Ce jeu optique dans la majorité des tapis azerbaïdjanais les rend très vifs.

Les tapis de Gandja se déclinent approximativement en 20 compositions. Dans le passé, dans chaque village, les tapis étaient tissés avec huit types différents de composition. Par exemple, à Gandja, Samukh, Fakhraly on fabriquait des compositions de même nom. Les meilleurs exemples de tapis de Gandja sont : « Ancien Gandja » et « Fakhraly ». Les tapis « Fakhraly » étaient habituellement de petite dimension et étaient utilisés principalement pour la prière (namazliq). Très souvent, l’arc ovale et ogival « mekhrab » était orné au-dessus du champ central de ces tapis.

Le contour blanc gras et les couleurs de quelques motifs du champ interne, employés sur le fond blanc de la bordure secondaire intérieure confère une particulière et une réelle fraîcheur de coloris.

Dans leur majorité, les tapis sont de grande dimension (3,20 x 1,60 m). On peut y voir les petits tapis (1,60 x 1,00 m), la densité est différente – de 25×25 jusqu’à 40×40 nœuds au mètre carré. La hauteur des laines oscille entre 5 et 7 millimètres.

Les tapis de l’école de Gazakh

L’école de Gazakh comprend la région de gazakh située au nord- ouest de l’Azerbaïdjan ainsi que quelques villages azerbaïdjanais en Géorgie (Borchly, Garayazy, Garatchon et Gatchagan) et jusqu’à récemment des villages azerbaïdjanais en Arménie (Bambak, Lambaly, Idjevan, Garagoyunly). Les compositions les plus célèbres de ce groupe sont : « Bortchaly », « Shikhly », « Gaymaghli », « Gatchaghan », «Salakhly », « Garayazy », etc.
Les tapis de Gazagh sont caractérisés par les grands médaillons à dessins d’animaux totémiques fortement stylisés, la teinte veloutée du marine, rouge ou vert, employées dans le tissage ainsi que par la palette modeste.

Les tapis de Gazakh comportent à peu près 25 compositions à motifs différents. Les tapis « Gazakh », « Salakhly », « Kemerly », « Demircholer», « Gaymakhly », « Dagkesemen », « Bortchali », « Garagoyunly », etc. se referent à l’école de Gazakh.

Les grands médaillons fortement géométrisés et les dessins d’animaux totémiques caractérisent les tapis de cette école. Les tapis ont un mélange serein de couleurs :marron ocre et vert tendre, jaune et noir, ou blanc et rouge. Les tisseuses atteignent une harmonie grâce à la laine veloutée du mouton local.

Les tapis de grande dimension (4,5x 2,10 m) s’appellent « Gaba », et les petits tapis s’appellent « Gazakhcha », la densité de ces derniers est réellement petite (30 x30 / 1m2).

Les tapis de l’école de Garabagh

Située au sud-ouest de l’Azerbaïdjan, la zone du Garabagh comprend des régions montagneuses et de plaine. Les historiens et savants arabes du Xe siècle, Al-Mugadasi, Masudi et les autres, décrivirent cette zone comme un grand centre de la tapisserie. Au XIXe siècle, le Garabagh jouait un rôle principal dans la production des tapis en Azerbaïdjan. En 1750, le gouverneur du khanat de Garabagh, Panahali khan fonda la ville de Panahabad (Shusha). A partir de XVIIIe siècle, Shusha devient la meilleure école de tapisserie de l’ensemble du Caucase. En étudiant les tapis et les palaz de cette période, le chercheur russe Y. Zedguenidze soulignait que par la quantité et la qualité des tapis et des palaz tissés, la ville azerbaïdjanaise Shusha était la première dans tout le Caucase. Presque toute la fabrication des tapis à Shusha était concentrée dans les familles « tatares » azerbaïdjanaises et révèle les racines historiques et sociales de ce fait.

L’école de tapis du Garabagh développe presque 50 compositions, dont la plus grande partie fut créée après la reproduction de quelques motifs de Tabriz tels les « Godja», « Achmayumma », « Balyg », etc. Dans le passé, les grandes écoles de tapisserie étaient Djabrayil, Khanlik, Lenberan, Gubatly, Barda, Aghdam, Dovshanli, Minkent, Chanakhli, Baghirbeyli, Muradkhanli, etc. Les tapis différents par la diversité de leurs compositions, des éléments floraux géométriques et les couleurs vives et riches. Dans la conception ornementale, les motifs floraux et les grands médaillons en forme de losange sont très souvent utilisés. De même, de nombreux tapis thématiques étaient confectionnés dans cette région tels les « Atly-itli », « Pahlivan » et « Shir »( Lion). Outre les tapis noués, cette école était réputée aussi pour ses tapis tissés, les « Kilim », « Zili », « Varni » etc.

La collection de tapis « Dast-khaly-gaba», composée de trois à cinq parties, est très répandue au Garagagh. Les tapis de cette école diffèrent par leurs grandes dimensions (25×30 m2). Les maisons avaient des pièces vastes, c’est pourquoi les tapis devaient avoir de grandes dimensions. Un tapis moyen-khaly- allongé et large, puis deux tapis plus étroits- gaba et kenar, situés sur les côtés, et finalement le kalleyi-bashlyg couvraient la surface du plancher.

L’école du Garabagh est représentée par les tapis suivant : « Barda », « Khangarvand », « Godja », « Buynuz », « Daryanur», « Achma-yumma», « Shabalyt-buta », « Lamberan », « Khantirme », « Malybeyli », « Lampa », « Bulut », « Bagtchada guller », «Nelbeki-gul», « Khanlyq », « Garaqoyunlu », « Gubatly », « Qasymushaqly », « Bakhmanli », « Muqani », « Talysh » etc.

Grace aux laines des races locales de moutons, les tapis du Garabagh jouissent d’une laine haute, épaisse et duveteuse. La densité des tapis varie entre 30×30 et 40×40 nœuds au mètre carré et on peut compter de 90 mille à 160 mille nœuds au mètre carré. Certains tapis peuvent atteindre jusqu’à 200 mille nœuds au mètre carré. La laine est très haute, les couleurs sont vives et éclatantes comme la nature du Garabagh elle-même.

Les tapis de l’école de Nakhtchyvan

Depuis des temps immémoriaux, Nakhtchyvan, centre antique de l’art, du commerce et de la culture de l’Azerbaïdjan, s’était rendu célèbre par ses arts décoratifs très riche. L’un de ces arts est la tapisserie. Depuis longtemps, Nakhtchivan, Sakhbuz, Ordubad, Djulfa, producteurs de laine et de soie, étaient le centre de la tapisserie noués et tissés. Les «Dast-Khaly-gaba» (collection des tapis) et khaly de dimension de 2 m2 à 20-30 m2 étaient tissés comme dans la région du Garabagh. Les tapis étroits et longs aux ornements géométriques, floraux et zoomorphique sont caractéristiques de l’école de Nakhtchyvan. Diverses et riches par leurs compositions, les tapis de Nakhtchivan de la série « Ajdaha » (dragon) des XVIIeet XVIIIe siècles sont conservés à Istanbul.

Les tapis d’une superficie de 2 m2 à 20 m2 étaient fabriqués à Nakhtchivan. Parfois, on peut trouver des tapis d’une superficie de 25 à 30 m2. La densité des tapis du groupe de Nakhtchivan atteint de 30×30 jusqu’à 40×40 nœuds au mètre carré, ce qui signifie qu’il y a de 90 mille à 160 mille nœuds au mètre carré. La hauteur des laines fait de 6 à 10 millimètres.

Les tapis de l’école de Tabriz

Les tapis de l’école de Tabriz se trouvent dans l’Azerbaïdjan du sud (la partie actuelle de l’Iran du nord-ouest, nom géographique – province de l’Azerbaïdjan de l’est) et comprend les villes de Tabriz, Ardebil, Maragha, Marand, Khoï, Urmiya, Zandjan, Geresu, Geriz, Sarab, Akhmadabad, Mirish, Akhar, Salmas, Goravan, Senna, Garadagh, etc.

L’école de miniatures de Tabriz des XVIe et XVIIesiècles inflence fortement l’évoluton des compositions des tapis de Tabriz. Notamment, cette période est considérée comme « Le Siècle d’Or» de l’art de la tapisserie en Orient. Les chef-d’oeuvre de cette période sont conservés dans plusieurs musées du monde. Des tapis classiques de Tabriz, on peut mentionner le tapis « Sheykh Safi » (connu aussi comme le tapis d’Ardebil), tissé en 1539 et conservé au Victoria et Albert Museum de Londres, et le tapis « Chasse » du XVIe siècle dans le Musée de Poldi Pezzoli de Milan.

Les tapis de l’école de Tabriz se distinguent par la diversité des compositions ornementales et thématiques, la richesse des motifs floraux raffinés, la finesse des décors du médaillon central et la subtilité de la ligne des dessins. Cette école inclut les tapis connus suivants : « Tabriz, « Bakshayish », « Garadja », « Geravan », « Kheris », « Lechek-turunch », « Dord fesil » (quatre saison de l’année), « Afshan », « Aghadjli », « Ovchuluq », « Ardebil », « Sheykh Sefi », « Shahabbasi », « Sarabi », « Zendjan », « Mir » et « Achma-yumma ».

Les tapis les plus denses (80×80, 100×100 au décimètre carré) et les tapis de grande dimension (56 m 2) étaient tissés à Tabriz et à Ardebil. La hauteur des laines des tapis de Tabriz oscille entre 2 et 15 millimètres, la densité va de 25×25 jusqu’à 100x100x nœuds au mètre carré. Dernièrement, sur demande spéciale, on y fabrique des tapis, dont la laine peut atteindre la hauteur de 40 millimètres.

Depuis l’époque médiévale, les tapis azerbaïdjanais deviennent populaires dans le monde entier pour la richesse de leurs compositions et leurs motifs ornementaux. Les voyageurs allemends et anglais ainsi que les ambassadeurs du XVIe au XVIIIe siècle décrivent les mérites artistiques de ces tapis. Aux XIVe et XVe siècles, les reproductions de tapis azerbaïdjanais apparaissent sur les tableaux des peintres européens.

Le tapis azerbaïdjanais de la composition « Mugan » de l’école de Garabagh est présenté dans le tableau « la Vierge à l’Enfant » de Hang Memling (1433-1494). Dans l’œuvre l’ « Annonciation » de Carlo Crivelli (1430-1495), on peut voir un tapis de l’école de Gazakh. Le tapis de l’école de Tabriz « Afshan » se distingue clairement dans le tableau « Un triomphe romain » de Pierre Paul Rubens (1577-1640).

Les meilleurs exemples des tapis azerbaïdjanais sont conservés dans les collections des musées célèbres américains tels que le Metropolitan Museum à New-York, le Musée du Textile à Washington, ainsi que dans les collections européennes suivantes : au Louvre (Paris), au Victoria et Albert Museum (Londres), au Musée des Arts Turcs et Islamiques et au Musée Topkapi (Istanbul), au Musée de l’Art Oriental, au Musée Historique et au Palais des Armures (Moscou), au Musée de l’Art (Kiev).

L’un des premiers exemples de la tapisserie, le tapis « Mugan » du XIIIe siècle (école de Garabakh) se trouve au Musée des Arts Turcs et Islamiques d’Istanbul, et le tapis « Dragon et phenix » fabriqué au XVe siècle au Musée de Pergame à Berlin.

Le chef-d’œuvre azerbaïdjanais de l’art du tapis khaly « Sheykh Sefi » (56 m 2) fabriqué à Tabriz (territoire de l’Azerbaïdjan du sud, actuellement partie nord-ouest de l’Iran) est exposé au Victoria et Albert Museum à Londres. Le tapis « khilé-buta » de l’école de Bakou tissé en 1801 dans le village de Khilé-Amirdjan est conservé au Musée Historique National à Moscou.

En 1967, le premier Musée du tapis dans le monde fut créé à Bakou. Il porte aujourd’hui le nom de Latif Kerimov, célèbre historien des beaux-arts et de l’art de tapis, éminent scientifique, spécialiste dans le domaine des arts décoratifs appliqués. Aujourd’hui, une collection entière de tapis du XVIIIe au XXe siècle y est exposée, représentant toutes les écoles de tapisserie de la période indiquée.

L’art traditionnel du tissage du tapis azerbaïdjanais est inscrit sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO le 16 novembre 2010.

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