Coronavirus aux USA : déplumée, Las Vegas craint la banqueroute

  03 Mai 2020    Lu: 598
Coronavirus aux USA : déplumée, Las Vegas craint la banqueroute Une paroi en plexiglas entre deux machines à sous dans un casino de Las Vegas, le 29 avril 2020 au Nevada - © Ethan Miller

La quiétude inhabituelle du célèbre Strip de Las Vegas, dont les hôtels et casinos sont fermés depuis la mi-mars, cache une ville meurtrie en plein questionnement sur son avenir: à quoi ressemblera la capitale du jeu dans le monde d'après?

Comme ailleurs dans le pays, des voix s'y opposent sur le difficile compromis à trouver entre les impératifs sanitaires et la survie de l'industrie touristique, poumon économique de la ville.

Le puissant syndicat local Culinary Workers Union, qui représente quelque 60.000 employés du secteur de l'hôtellerie et des casinos, affirme que 98% de ses membres ont perdu leur emploi depuis le début de la pandémie.

Mais une douzaine d'entre eux ont aussi perdu la vie en raison du Covid-19.

Alors, la secrétaire et trésorière du syndicat, Geoconda Arguello-Kline, soutient la décision du gouverneur du Nevada, Steve Sisolak, de prolonger jusqu'au 15 mai au moins les mesures de confinement dans son Etat.

"Il fait ce qu'il peut pour nous protéger", confie la dirigeante syndicaliste à l'AFP. "Je sais que c'est difficile pour tout le monde, mais il vaut mieux ça que de perdre sa vie".

La maire de Las Vegas Carolyn Goodman voit elle dans le confinement une "absurdité" et appelle à une réouverture immédiate de sa ville, ébranlée par "une crise économique exceptionnelle", s'est-elle alarmée la semaine dernière dans un communiqué.

Tables aménagées

Rouvrir Vegas, ses immenses complexes hôteliers et ses casinos, nécessitera forcément des aménagements.

Des écrans de plexiglas pourraient à l'avenir séparer joueurs et croupiers autour des tables de black jack et de roulette.

Les employés seront sans doute amenés à travailler masqués et gantés. Et des établissements envisagent de contrôler la température des clients.

Une option que rejette le propriétaire du casino Emerald Island, Tim Brooks.

"Je ne veux pas prendre la température de chaque personne qui franchit nos portes, nous n'avons pas les compétences médicales pour le faire", justifie-t-il. "Il fait plus de 40°C l'été. Comment savoir qui a vraiment de la fièvre?"

Pour l'historien local David Schwartz, la vraie question n'est pas de savoir quand et de quelle façon les casinos rouvriront. Mais "combien de touristes pourront revenir" tant que la pandémie continuera à affecter les déplacements internationaux?

"Il y aura une façon de s'adapter, mais je ne sais pas encore comment", admet-il.

"Licencier encore"

Même si son hôtel-casino Skyline avait le feu vert pour rouvrir, Jim Marsh craint que les mesures de distanciation sociale soient "trop coûteuses" à mettre en place.

"Nous pourrions rester fermés si les frais étaient trop importants", note-t-il. "On ne peut pas gagner d'argent dans un bar où les gens doivent s'assoir à plus d'un mètre les uns des autres".

Tim Brooks, qui affirme ne pas dégager beaucoup de marges à l'Emerald Island, se dit "déçu" et "désemparé" par la décision du gouverneur de prolonger le confinement du Nevada.

Il a déjà licencié 131 des 166 employés de son casino, mais peine aujourd'hui à trouver suffisamment de tâches à remplir à ceux qui travaillent toujours malgré la fermeture.

"Je vais peut-être devoir licencier encore", dit-il. "Il n'y a pas une infinité de rambardes à lustrer".

L'urgence est encore plus grande parmi les 350.000 personnes du Nevada ayant déposé ces dernières semaines une demande d'allocation chômage.

C'est le cas de Bob Aquino, gérant d'un restaurant de l'Emerald Island, dont la femme a aussi perdu son emploi à la chambre de commerce locale, en même temps que son assurance maladie.

La demande d'allocation du sexagénaire a heureusement été acceptée. "Sans cela, je serais dans la rue à proposer mes services pour pouvoir manger", témoigne-t-il. "Je demanderais au gouverneur de rouvrir le Nevada. De pouvoir retourner au travail. Ca suffit maintenant".

AFP


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