Coronavirus: Pourquoi la pandémie met aussi à mal notre capacité à prévoir la météo

  08 Mai 2020    Lu: 1408
 Coronavirus: Pourquoi la pandémie met aussi à mal notre capacité à prévoir la météo

L'ONU s’est inquiétée, jeudi 7 mai, des répercussions de la pandémie de coronavirus sur les systèmes d’observation utilisés pour prédire les phénomènes météorologiques, comme les ouragans. Explications.

Le coronavirus n’épargne décidément rien, ni personne sur le globe. Si l’on a découvert qu’il avait tendance à brouiller l’odorat et le goût des malades, il a aussi, indirectement, un effet parasite sur les facultés d’observation des météorologues. L’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui est rattachée aux Nations unies, a tiré la sonnette d’alarme, dans un communiqué, ce jeudi.

C’est sur son Système mondial d’observation (Wigos) que repose l’ensemble des services et produits météorologiques et climatologiques offert par les pays à leurs citoyens. Habituellement, il y a notamment 30 satellites météorologiques, 200 satellites de recherche, plus de 10 000 stations météorologiques en surface, automatiques ou dotées de personnel, 1 000 stations aérologiques (en altitude), 7 000 navires, ainsi que 3 000 aéronefs commerciaux qui mesurent des paramètres clés relatifs à l’atmosphère, la terre et les océans.

Moins d’avions dans le ciel, moins de mesures
La diminution significative du trafic aérien depuis le début de la pandémie a eu des répercussions manifestes sur ces systèmes d’observation, indique l’OMM. Depuis le début de la pandémie, le nombre de mesures prises par les avions commerciaux a reculé. La baisse est de 75 à 80 % en moyenne, et de 90 % dans certaines régions du globe, comme les tropiques et l’hémisphère Sud.

Or, selon l’OMM, le programme Amdar (retransmission des données météorologiques d’aéronefs) transmet généralement plus de 800 000 observations quotidiennes de haute qualité sur la température de l’air, la vitesse et la direction du vent, ainsi qu’un nombre croissant de mesures de l’humidité et des turbulences. Cela en fait des informations en moins. Et cela préoccupe les spécialistes.

« Défi supplémentaire »
« À l’approche de la saison des ouragans dans l’Atlantique, la pandémie de Covid-19 constitue un défi supplémentaire. Il est donc essentiel que les gouvernements prêtent attention à leurs capacités nationales d’alerte précoce et d’observation météorologique », a souligné Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM, une institution spécialisée des Nations unies. « La diminution continue et amplifiée des observations météorologiques provenant d’aéronefs pourrait occasionner une baisse graduelle de la fiabilité des prévisions », avait déjà prévenu début avril l’un des directeurs de l’OMM, Lars Peter Riishojgaard.

Concernant les observations météorologiques en surface, elles sont désormais presque entièrement exécutées par des machines fonctionnant sans intervention humaine dans la plupart des pays développés, et ne sont donc pas impactées par les mesures de confinement. En revanche, dans de nombreux pays en développement, les météorologues s’appuient toujours sur des observations effectuées manuellement.

Météo France tente de s’adapter grâce à des ballons-sondes
En France, l’impact sur la précision des prévisions pourrait être de l’ordre de 10 %, avait calculé Météo France au début du mois d’avril. Elle a ainsi décidé pour compenser, avec d’autres instituts nationaux, « de doubler le nombre de radiosondages » avec des ballons-sondes. Cette technique, inventée en région parisienne en 1929, consiste à envoyer un gros ballon, gonflé à l’hydrogène et doté d’une sonde, jusqu’à plus de 30 kilomètres d’altitude, où il explose et retombe. Les mesures sont plus complètes et plus fiables que celles des sondes embarquées dans les avions, mais le matériel est rarement récupéré et ne peut être réutilisé, ce qui induit un coût très important.

Alors que ces opérations avaient progressivement diminué, Météo France indiquait en avril être revenue à quatre lancers quotidiens depuis chacun de ses sites en métropole et en outre-mer. Le dispositif est automatique, mais une équipe doit venir le réarmer tous les 15 jours.

Mais les radiosondages ne peuvent remplacer les avions au-dessus des océans. « Il y a aujourd’hui un défaut d’observation au-dessus de l’Atlantique, qui conditionne quand même la météo sur le continent européen », avait souligné en avril Sébastien Brana, vice-président de l’association Infoclimat qui combine des données de Météo France avec celles de son propre réseau d’observateurs.

Avec afp


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