Ces chiffres ont été établis par une nouvelle étude du Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, précise l'organisation onusienne ajoutant que ces nouvelles projections ont été annoncées par Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, lors de la conférence de presse virtuelle Africa Media Leader de l'OMS tenue jeudi.
Cette étude qui s'appuie sur la modélisation, porte sur 47 pays de la Région africaine de l'OMS, soit une population totale d'un milliard d'habitants, précise l'OMS dans un communiqué publié sur son site.
Les nouvelles estimations sont basées sur la modification du risque de transmission et de la gravité de la maladie, avec des variables spécifiques à chaque pays, afin de tenir compte de la particularité de la Région, précise la même source.
Le modèle prévoit un taux de transmission plus lent, un âge plus bas des personnes atteintes de maladies graves et des taux de mortalité plus faibles que ceux observés dans les pays les plus touchés du reste du monde, souligne l’OMS, ajoutant que cette situation est largement due à des facteurs sociaux et environnementaux qui ralentissent la transmission, et à une population plus jeune ayant bénéficié du contrôle des maladies transmissibles telles que le VIH et la tuberculose, qui les rend moins vulnérables.
Le taux de transmission plus faible suggère toutefois une épidémie plus prolongée sur quelques années, selon l'étude qui a également révélé que les petits pays africains situés à proximité de l'Algérie, de l'Afrique du Sud et du Cameroun étaient à haut risque si les mesures d’endiguement n’étaient pas priorisées.
Les mesures d’endiguement, qui comprennent la recherche des contacts, l'isolement, l'amélioration des pratiques d'hygiène personnelle et la distanciation physique, visent à ralentir la transmission du virus afin que ses effets se produisent à un rythme gérable par le système de santé. La distanciation physique ne consiste pas à confiner les gens, mais plutôt à éviter les contacts inutiles dans la vie quotidienne, professionnelle et sociale, afin d'interrompre la transmission.
« Bien que le COVID-19 ne se répandra probablement pas de manière aussi exponentielle en Afrique qu'ailleurs dans le monde, il couvera probablement dans les zones à risque de transmission », a déclaré Dr Matshidiso Moeti.
« Le COVID-19 pourrait faire partie de nos vies au cours des prochaines années si de nombreux gouvernements de la Région n'adoptent pas une approche proactive. Nous devons tester, retracer, isoler et traiter », a-t-elle ajouté.
Le nombre prévu de cas nécessitant une hospitalisation dépasserait les capacités médicales disponibles dans une grande partie de l'Afrique. On estime qu'il y aurait 3,6 à 5,5 millions d'hospitalisations dues au COVID-19, dont 82 000 à 167 000 seraient des cas graves nécessitant l’administration d'oxygène, et 52 000 à 107 000 des cas critiques requérant une assistance respiratoire. Un nombre aussi important de patients hospitalisés mettrait à rude épreuve les capacités sanitaires des pays, note l'OMS.
Une enquête sur les services de santé dans la Région africaine, entreprise en mars 2020 sur la base des déclarations faites par 47 pays à l'OMS, a révélé qu'il y avait en moyenne neuf lits d'unité de soins intensifs par million d’habitants. Ces chiffres seraient terriblement insuffisants. En outre, l'accès à ces services pour la population de façon générale est très faible, ce qui laisse supposer que de nombreuses personnes n'auraient même pas la possibilité d'accéder aux soins nécessaires. Cette situation pourrait compliquer la prise en charge d’autres maladies.
L'étude recommande aux pays d'Afrique d'augmenter la capacité des hôpitaux primaires en particulier et de veiller à ce que les soins d'urgence de base soient inclus dans les systèmes de santé primaires.
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