En décembre 2019, Aramco est devenue la plus grande entreprise cotée en Bourse en levant un record de 29,4 milliards de dollars par la vente de quelque 1,75% de ses parts lors de son entrée fracassante sur les marchés financiers saoudiens. Mais depuis, la bouée économique de Ryad nage en eaux troubles.
L’entreprise publique a enregistré un bénéfice net de 62,5 milliards de riyals (16,66 milliards de dollars) au cours des trois premiers mois de 2020, contre 22,2 milliards de dollars au premier trimestre de l’année dernière, a précisé le fleuron national de l’Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde.
"La crise du Covid-19 ne ressemble à rien de ce que le monde a connu dans l’histoire récente et nous nous adaptons à un environnement commercial très complexe et en rapide évolution", a déclaré dans un communiqué le PDG d’Aramco, Amin Nasser.
Selon lui, la baisse des bénéfices reflète principalement la chute vertigineuse des prix du pétrole brut, ainsi que la diminution des marges de raffinage et des produits pétrochimiques.
"Pour le reste de l’année 2020, nous nous attendons à ce que l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la demande mondiale d’énergie et les prix du pétrole pèse sur nos revenus", a ajouté M. Nasser.
"Confiants"
Le ralentissement de l’activité économique en raison de la pandémie a provoqué un cataclysme sur le marché mondial du pétrole, également frappé par une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie, respectivement troisième et deuxième producteurs au monde.
Face au refus de Moscou de réduire la production mondiale, Ryad a brutalement fait passer la sienne à un record de 12,3 millions de barils par jour. Résultat : le prix du pétrole a dégringolé en mars pour atteindre son niveau le plus bas depuis près de deux décennies, perdant près des deux tiers de sa valeur.
"A plus long terme, nous restons confiants dans le fait que la demande d’énergie va rebondir à mesure que les économies mondiales se redresseront", a voulu rassurer M. Nasser.
Aramco prévoit de poursuivre ses réductions de dépenses d’investissement, a-t-il néanmoins ajouté, pour atteindre entre 25 et 30 milliards de dollars, contre 32,8 milliards de dollars en 2019.
La production d’Aramco est passée à 9,7 millions de barils par jour puis à 8,5 millions de barils par jour, en vertu d’un accord conclu entre l’Arabie saoudite et d’autres pays exportateurs, dont la Russie, pour diminuer la production et soutenir les prix.
En juin prochain, Aramco pompera 7,5 millions de barils par jour à la demande du ministère saoudien de l’Energie qui a annoncé lundi une réduction supplémentaire d’un million de barils par jour pour stabiliser le marché.
Plan d’austérité
Basée dans la ville de Dahran (est), le gérant pétrolier emploie environ 80.000 personnes. Depuis le début de l’année, l’action Aramco a chuté de 12%.
Ce n’est pas la première fois qu’il accuse le coup face à une chute des prix sur les marchés mondiaux. Le mastodonte a enregistré une baisse de 20,6% de son bénéfice net en 2019, à 88,2 milliards de dollars. En 2018, il a en revanche affiché un bénéfice net de 111,1 milliards de dollars.
Face à la chute de ses revenus pétroliers et à la crise économique liée la pandémie, l’Arabie saoudite a annoncé lundi un plan d’austérité prévoyant un triplement de la taxe sur la valeur ajoutée et la fin des allocations mensuelles à ses citoyens.
Le royaume espère engranger 100 milliards de riyals (24,61 milliards d’euros) à la faveur de ces mesures, qui risquent de mécontenter la population.
AFP