Airbus a annoncé jeudi avoir subi une perte nette de 1,9 milliard d'euros au premier semestre, reflétant la baisse par deux de ses livraisons d'avions sur la période marquée par l'impact de la crise du coronavirus. «L'impact de la pandémie de Covid-19 sur nos finances est maintenant très visible sur le deuxième trimestre, avec les livraisons d'avions commerciaux divisées par deux par rapport à l'année dernière», observe le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury, cité dans un communiqué.
Airbus a livré 196 avions sur les six premiers mois de l'année, soit moitié moins qu'au premier semestre 2019, les compagnies aériennes, mises à genoux par l'effondrement du trafic, cherchant à repousser leurs livraisons ou étant dans l'incapacité de les réceptionner en raison des fermetures de frontières.
Or les livraisons sont un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, principalement parce que les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions.
Airbus a enregistré un chiffre d'affaires en chute de 39% sur le semestre (-55% au deuxième trimestre), à 18,9 milliards d'euros et une perte opérationnelle de 1,6 milliard d'euros, pâtissant notamment d'une charge de 332 millions d'euros liée à la fin du programme du gros-porteur A380 en 2021. Le groupe a en outre enregistré 900 millions d'euros de charge sur son résultat opérationnel à cause du Covid-19.
Pour s'adapter à une reprise du trafic aérien qui ne devrait retrouver son niveau de 2019 qu'entre 2023 et 2025, l'avionneur a baissé ses cadences de production de 40% par rapport à ce qu'il prévoyait avant-crise, avec 40 Airbus A320 produits par mois (contre 60 en 2019), 4 A220 et 2 A330. «La situation actuelle du marché a conduit à un petit ajustement de la cadence de production de l'A350 de 6 à 5 appareils par mois».
Airbus produisait avant-crise 9 à 10 long-courriers A350 par mois, ce qui lui permettait d'atteindre l'équilibre sur ce programme. Au cours du semestre, l'avionneur européen a consommé 12,4 milliards d'euros de trésorerie, dont 3,6 milliards pour le paiement d'amendes en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à l'issu d'un accord conclu en janvier dans des affaires de corruption.
«Notre ambition est de ne pas consommer de liquidités» au second semestre 2020, affirme Guillaume. «Nous sommes confrontés à une situation difficile et l'incertitude demeure, mais grâce aux décisions que nous avons prises, nous pensons être bien placés pour traverser cette période difficile dans notre secteur», ajoute-t-il.
Airbus a notamment annoncé qu'il allait supprimer 15.000 postes dans le monde, soit 11% de ses effectifs, dont 5.000 en France. Il estime la provision nécessaire pour financer ces mesures sociales entre 1,2 et 1,6 milliard d'euros. En raison d'une «visibilité limitée», notamment sur la reprise des livraisons, le groupe renonce à émettre des prévisions pour 2020. (AFP)
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