La légende veut que le record d’enfants nés d’une seule mère soit détenu par une Russe. Entre 1725 et 1765, la femme de Feodor Vassilyev – on ne connaît pas son prénom – aurait vécu 27 grossesses : seize fois des jumeaux, sept fois des triplés et quatre fois des quadruplés. Soit 69 enfants (dont deux qui sont décédés) d’après un rapport d’un monastère local remis au gouvernement de Moscou. Le record est même reporté dans le « Guinness Book ».
69 enfants, est-ce possible?
Si on s’en tient à un simple calcul mathématique, oui : 27 grossesses en quarante ans, c’est possible. Mais la fertilité n’est pas qu’un exercice arithmétique. Une femme n’est pas fertile de la même façon à 20 ans qu’à 40.
« Si elle n’a aucun problème particulier, une femme est fertile à partir de l’apparition des règles jusqu’à 45 ans, parfois plus, détaille le Dr Isabelle Héron, endocrinologue et gynécologue à Rouen. Mais la fertilité d’une femme dépend de sa réserve ovarienne et celle-ci baisse tout au long de sa vie. » La réserve ovarienne correspond à la réserve de follicules, « des petites cavités dans lesquelles sont les ovocytes ». À la naissance, les femmes naissent avec un capital folliculaire – des millions de follicules – qui ne se régénère pas. « Tous les mois on en perd et à la ménopause, il n’y a plus de follicules. » Le tabagisme accélère également la diminution de la réserve ovarienne.
Il est plus difficile d’avoir un enfant à partir de 35 ans car il y a à la fois une baisse de la réserve ovarienne et une baisse de la qualité ovocytaire. C’est d’ailleurs pour cela que les gynécologues conseillent aux couples qui souhaitent avoir des enfants de le faire avant la trentaine. « Les couples doivent le savoir, la fertilité est moindre à partir de 35 ans, prévient le Dr Isabelle Héron. Il est préférable d’envisager une première grossesse avant 30 ans. »
Contre l’infertilité, que fait la science?
Les troubles de la fertilité touchent de plus en plus de couples. L’Inserm estime que la proportion de couples restant sans grossesse au bout d’un an est de l’ordre de 15 à 20 % (ce qui ne veut pas forcément dire que le couple est totalement stérile). Face à ces troubles, la science apporte des solutions mais elles sont loin d’être « magiques ». Les gynécologues proposent notamment des traitements inducteurs d’ovulation pour stimuler les ovaires de la femme afin de déclencher l’ovulation. Si cette technique ne permet pas une grossesse, les couples peuvent recourir à l’insémination artificielle (les spermatozoïdes sont déposés à l’intérieur de l’utérus) ou à la fécondation in vitro (FIV), notamment lorsque les trompes de la femme sont bouchées ou si l’homme a peu de spermatozoïdes.
Les jumeaux sont rares
Revenons à Madame Vassilyev et ses 69 enfants. Car il y a une autre aberration : le nombre de naissances multiples. Rien que seize paires de jumeaux, c’est impressionnant !
Il y a des jumeaux (ou plus) lorsque plusieurs ovules ont été fécondés par des spermatozoïdes ou qu’un seul ovule fécondé s’est divisé en deux ou plusieurs embryons (ce qu’on appelle les vrais jumeaux). Mais ces naissances multiples sont rares. En France, en 2014, 1,74 % des naissances étaient des jumeaux (soit 13 528 naissances). Et il y a eu 179 naissances triples et quatre naissances quadruples. Par ailleurs, un certain nombre de naissances multiples ne sont pas « naturelles » et sont alors dues à des traitements contre l’infertilité.
Enfin les grossesses fatiguent le corps de la femme. Les scientifiques s’étonnent que Madame Vassilyev ait pu en vivre autant… surtout au XVIIIe siècle.
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